Les spécialistes parlent de l’effet Angelina Jolie. Depuis que l’actrice américaine a révélé en mai 2013 avoir subi une double mastectomie en prévention du cancer du sein auquel son patrimoine génétique l’exposait, les consultations d’oncogénétique ne désemplissent plus. Grâce à la médiatisation de cette démarc, de nombreuses femmes nées dans des familles à risque ont osé franchir le pas et faire le test génétique pour savoir si elles sont porteuses des mutations des gènes BRCA 1 ou 2 exposant à un risque de cancer du sein dans 40 à 80% des cas.
Plusieurs mois de délais pour un rendez-vous
En septembre dernier, le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique oncologique à l'Institut Curie à Paris, estimait que les demandes de consultations avaient globalement doublé. Aujourd’hui, plusieurs des 47 centres-experts d’oncogénétique répartis dans toute la France n’arrivent plus à tenir le délai de 3 mois habituellement nécessaire pour obtenir une consultation. « La demande n’a jamais été aussi importante, j’ai des consultations planifiées jusqu’en juillet 2015 », reconnaît le Dr Cohen-Haguenauer. responsable des consultations d’oncogénétique à l’hôpital Saint-Louis à Paris.
Ecoutez le Dr Odile Cohen-Haguenauer, responsable des consultations d’oncogénétique à l’hôpital Saint-Louis à Paris : « L’action d’Angelina Jolie a été perçue comme un acte de courage et a permis aux femmes les plus à risque d’oser consulter. »
2 femmes à risque sur 3 ne font pas les tests
Une très bonne nouvelle puisque 120 000 Françaises ignorent qu’elles sont porteuses des gènes défectueux BRCA1 ou 2. Même dans les familles à risque, seul un tiers des femmes font le test génétique, limitant ainsi les possibilités de prévenir le cancer par les dépistages réguliers ou la mastectomie.
Les nouvelles recommandations de dépistage du cancer du sein, publiées par la Haute autorité de santé le mois dernier, devraient également contribuer à surcharger les consultations de génétique. Le fait d’avoir dans sa famille de nombreux antécédents de cancer du sein ou des cancers du sein survenus chez des femmes jeunes constitue l’un des 7 vrais facteurs de risque nécessitant un dépistage avant 50 ans.
En fonction du nombre de cas de cancer du sein dans la famille, un score permet au médecin généraliste ou au gynécologue de décider s’il est nécessaire d’adresser sa patiente en consultation d’oncogénétique. Faute de mutation ou de gène connu à identifier, il arrive souvent que les tests génétiques restent négatifs même s’il y a quand même une transmission de génération en génération et un risque de cancer précoce. Dans ce cas, la mastectomie préventive n’est pas recommandée mais une surveillance plus régulière et plus précoce doit être organisée pour éviter le cancer.