L'anesthésie générale avant l'âge de un an ne serait pas anodine. Selon des chercheurs américains, elle pourrait avoir des répercussions sur la mémoire pendant l'enfance, voire au-delà. Ce sont les résultats inédits d'une étude publiée ce lundi dans la revue médicale Neuropsychopharmacology.
-28% aux tests de mémoire pour ceux anesthésiés avant 1 an
Pour parvenir à cette conclusion, des scientifiques de l'Université de Californie ont comparé les capacités de mémorisation de deux groupes de 28 enfants âgés de 6 à 11 ans, dont l'un avait subi des anesthésies générales avant l'âge d'un an et l'autre pas.
En détails, tous ont été testés durant une période de dix mois sur leurs capacités à se souvenir de détails figurant sur des dessins. Et les résultats ont été sans appel.
« Les enfants n'étaient pas différents en terme d'intelligence (quotient intellectuel) ou de comportement, mais ceux qui avaient subi une anesthésie générale avaient un score significativement plus bas que les autres aux test de mémoire », rapporte le Dr Greg Stratmann le principal auteur de l'étude. Des résultats inférieurs de 28 % en moyenne.
Cependant, aucune différence n'a été relevée entre les enfants ayant subi une seule anesthésie ou plusieurs avant l'âge d'un an.
En guise d'avertissement, cet anesthésiste spécialisé en pédiatrie rappelle que « des déficits de mémoire même minimes peuvent avoir des conséquences immédiates en réduisant la capacité d'apprentissage des enfants. »
Des résultats identiques chez le rat
Par ailleurs, ces mêmes chercheurs ont mené la même étude en parallèle sur 33 rats anesthésiés au cours de la première semaine de leur vie. Les résultats ont ici démontré que ceux-ci reconnaissaient moins bien les odeurs que leurs congénères qui n'avaient pas été anesthésiés.
Enfin, aucun des rats n'avait souffert d'une blessure au cerveau. Cette dernière donnée prouverait, selon les chercheurs, que l'anesthésie est bien à l'origine de la perte de mémoire.
En définitive, les scientifiques admettent toutefois que d'autres études seront encore nécessaires pour savoir si ce déficit de mémoire est réversible chez l'homme. « Ces résultats peuvent nous inciter à nous poser des questions sur la nécessité de certaines anesthésies », a déclaré Greg Stratmann à l'Agence France Presse.