Plus d’un Britannique sur trois souffre d’un prédiabète. Cela représente le triple de la population concernée en 2003, selon une étude parue ce 9 juin dans le BMJ Open. Ce trouble, qui se caractérise par une glycémie entre 5,7 et 6,4 %, est en pleine explosion. Il faut agir au plus vite, alertent des chercheurs de l’université de Leicester (Royaume-Uni), car il évolue souvent vers un diabète de type 2.
Âge et IMC : deux facteurs de risque
Le prédiabète se caractérise par une concentration élevée de glucose dans le sang, mais pas suffisamment pour qu’un diabète se déclare. Il présente toutefois un risque non négligeable pour la santé : les patients atteints sont plus à risque de troubles vasculaires, de maladies rénales, de dommages à la rétine et aux nerfs… Sans compter que 5 à 10 % des prédiabétiques développent un diabète chaque année. C’est donc une bombe à retardement sanitaire qui s’esquisse outre-Manche. « Cette augmentation rapide a été particulièrement surprenante et suggère que, si rien n’est fait, il y aura une hausse énorme de la prévalence du diabète », avertit le Pr Arch Mainous III, principal auteur de l’étude.
Plusieurs facteurs de risque sont associés au prédiabète. Cette étude montre que, en dépit d’une stagnation de l’IMC dans le pays, d’autres indicateurs métaboliques sont dans le rouge. C’est le cas de l’hypertension artérielle qui a progressé de 2 points en 2011 (22,5 %) et du cholestérol qui stagne à 27 %. Si le niveau socioéconomique n’est pas révélateur du risque de prédiabète, l’âge et l’IMC le sont. Ainsi, 35% des adultes en sont atteints… mais aussi plus de la moitié des 40 ans et plus. Même constat du côté du poids : plus l’IMC grimpe, plus le nombre de patients atteints de prédiabète augmente. « Cette étude est un signal important : nous devons agir pour améliorer notre régime et notre mode de vie. Si nous ne le faisons pas, beaucoup de gens vivront en moins bonne santé et moins longtemps », martèle le Pr Richard Baker, co-auteur de l’étude.
10 à 15 % des Français
Les raisons d’une telle explosion sont encore obscures. Les chercheurs pointent toutefois le suspect numéro 1 : la hausse de l’obésité depuis la fin des années 1990. L’alerte doit aussi être prise au sérieux en France. Selon l’étude DESIR (Données Epidémiologiques sur le Syndrome d’Insulino-Résistance), 10 à 15 % des Français seraient atteints de prédiabète. Heureusement, les solutions sont aussi toutes trouvées, souligne le Pr Mainous : « Nous savons que le prédiabète est un risque majeur de développement d’un diabète. Nous savons aussi que les interventions médicamenteuses ou sur le mode de vie fonctionnent en prévention du diabète. Il est bien meilleur d’arrêter le diabète avant qu’il ne se développe. » Pour cela pas de secret : les médecins doivent mieux détecter le prédiabète, en tenant compte des facteurs de risque. Mais les patients doivent aussi y mettre du leur : activité physique régulière, alimentation équilibrée et en quantité raisonnable, permettent de conserver une santé métabolique optimale.