C’est un malade mental. Le mot continue de faire peur. 42 % des Français associent la maladie mentale à la folie. Les mots « cinglés » ou « tarés » font encore partie de notre vocabulaire. C’est le constat fait par une enquête menée par l’Institut Ipsos, la Fondation FondaMental et le groupe Klesia. Pourtant, plus d’un Français sur deux déclare être concerné par les maladies mentales, dont 13 % personnellement et 40 % se sont posés des questions sur la santé mentale d’un proche.
Un quart de la population française touchée
Mais les connaissances sur ce sujet restent très insuffisantes. Si les maladies les plus citées spontanément sont la schizophrénie, les maladies maniacodépressives/troubles bipolaires et la dépression, 46 % des Français associent spontanément les maladies mentales à des maladies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.
De plus, 70 % des personnes interrogées pensent que la prévalence de ces maladies est de 3 à 10 %, alors qu’en réalité un quart de la population française est touchée. Pour le Pr Marion Leboyer, responsable du pôle de psychiatrie du CHU Henri-Mondor à Créteil, il est difficile de fédérer autour de ces thèmes, résultat très peu de campagnes de sensibilisation et d’information ont été menées.
Pr Marion Leboyer, responsable du pôle de psychiatrie du CHU Henri-Mondor à Créteil : « On a beaucoup de mal à lever de l'argent sur ce type de sujets, du coup il n'y a pas eu d'efforts comme pour d'autres pathologies, ce qui fait que les fausses représentations persistent »
Pourtant, il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique. Ces maladies touchent les jeunes adultes, à la différence des pathologies neurodégénératives. Elles représentent la 1ère cause de mortalité avant 40 ans. On déplore en effet 11 000 suicides chaque année en France, soit un toutes les 40 minutes. En 2020, les maladies mentales seront la 1ère cause de handicap dans le monde. Et en terme de coût, elles représentent en France 107 milliards d’euros.?
Or, selon le Pr Leboyer la prévention en psychiatrie est possible et efficace. On pourrait empêcher la survenue des maladies, les diagnostiquer très tôt et ralentir l’apparition du handicap. Encore faudrait-il s’en donner les moyens.