Traiter l’insuffisance cardiaque, ce pourrait être possible grâce aux cellules souches. Une équipe de l’Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM) annonce que l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert pour des essais chez l’homme. A terme, les chercheurs souhaitent produire des cellules souches dans un but thérapeutique.
De longues années de recherche
Les travaux sont actuellement menés à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), en partenariat avec l’hôpital Saint-Louis (Paris). Deux équipes y mettent au point des cellules souches cardiaques afin de soigner des patients en insuffisance cardiaque grave. Leur plus : elles seront « autologues », c’est-à-dire qu’elles proviennent du patient lui-même et ne poseront pas de problème de tolérance. Cet objectif est au cœur de la recherche en médecine régénérative depuis plusieurs années, et c’est un travail de longue haleine que couronne ce feu vert de l’ANSM.
Avant de pouvoir envisager un essai chez l’être humain, les chercheurs de l’INSERM ont dû montrer patte blanche. Ils ont d’abord mis au point des cellules embryonnaires pluripotentes, qui sont capables de se transformer en diverses cellules, selon un processus sûr et efficace, mais surtout approuvé par l’Agence sanitaire. « Cette démarche translationnelle était nécessaire pour transformer un produit de laboratoire en potentiel outil thérapeutique », commente le Pr Philippe Menasché, coordonateur de l’équipe. Elle a notamment permis d’écarter certains risques, comme un infection par une bactérie ou un virus, un dysfonctionnement lié à une perte de matériel génétique, ou encore le risque de cancérisation des cellules.
6 patients en bénéficieront
Ces cellules souches, une fois implantées, doivent pouvoir se transformer en cellules cardiaques, grâce à des facteurs de croissance et de différentiation spécialement mis au point. Elles devraient être implantées via un « patch de fibrine », que des chirurgiens déposeront sur la zone de l’infarctus, une méthode plus sûre qu’une injection directe dans le muscle cardiaque. Afin de vérifier l’efficacité de l’approche, les équipes de l’INSERM ont effectué des essais sur des rongeurs, puis des primates. Avec succès.
Place maintenant aux essais chez l’être humain. 6 patients insuffisants cardiaques seront intégrés à cet essai pionnier. « Nous en espérons bien sûr des résultats positifs », reconnaît le Pr Menasché. « Mais ces travaux doivent surtout être considérés comme un socle initial à partir duquel d’autres équipes proposeront des solutions pour optimiser la production de cellules à finalité thérapeutique, quel que soit l’organe considéré. »