Premier jour de procès aux assises des Pyrénées-Atlantiques, et le portrait du Dr Nicolas Bonnemaison commence à se dessiner. Tous les envoyés spéciaux des quotidiens relèvent les traits saillants de la personnalité de cet ex-urgentiste de 53 ans, accusé d'avoir abrégé la vie de sept patients en fin de vie par des injections létales. Le premier constat est physique : Libération comme Le Parisien décrivent « un petit homme pâle en costume gris, à la voix presque fluette et au débit lent », qui « paraît si seul, perdu dans ce grand box des accusés ».
La biographie du Dr Bonnemaison en dit aussi long sur la fragilité de cet homme qui risque aujourd'hui la réclusion criminelle à perpétuité. Sa vocation de médecin, il la doit à son père, chirurgien « aimant » et « énorme travailleur », mais cette figure tutélaire met fin à ses jours en 1987. Sa soeur s'est elle aussi suicidée il y a deux ans. Lui-même a connu plusieurs épisodes dépressifs, qui l'ont conduit à être hospitalisé.
La confrontation avec les patients en fin de vie, difficile pour tout médecin, trouve sans doute un écho particulier chez ce médecin à la « personnalité fragile » comme le décrit le président de la cour et les avocats des parties civiles. A la barre, Nicolas Bonnemaison reconnaît d'ailleurs : « Je me suis épuisé, perdu. Les responsabilités commençaient à peser. »
L'ex-urgentiste tente malgré tout de faire face, même si « comparaître comme un criminel, un assassin, un empoisonneur, c'est violent », déclare-t-il. Et il tente d'expliquer pourquoi il a administré des cocktails mortels à des patients. L'homme dit qu'il ne supportait pas les souffrances psychiques et physiques de certains malades et qu'il a agi seul « pour ne pas mettre l'équipe soignante en difficulté, pour lui épargner cette souffrance ». Une souffrance qu'il prendra, lui, de plein fouet, et qui le fragilisera encore plus de jour en jour...