Alors que la sédentarité est de nos jours le 4ème facteur de risque de mortalité après l’hypertension, le tabagisme et le diabète à travers le monde, quelle est précisément la situation physique des Français ? Pour répondre à cette question, Assureurs Prévention vient de commander, pour la 3ème année consécutive, une analyse sur le niveau d’activité physique ou sportive de la population française. Ainsi, l’Institut de Recherche biomédicale et d’Epidémiologie du Sport (IRMES) et BVA ont été chargés de prendre le pouls sportif de l’Hexagone. Leur enquête a été réalisée en mars 2014 sur 1100 personnes âgés de 18 à 64 ans, parmi lesquels 400 parents de collégiens ou de lycéens.
3/4 des Français ne font pas les 10 000 pas recommandés par jour
Le premier constat inquiétant qui ressort de cette enquête est que, sans même parler de sport, la majorité des Français ne marchent tout simplement pas assez. Alors que la recommandation de santé publique de 10 000 pas/jour émise par l’OMS ne semble pas un objectif inatteignable, il ressort que plus de la moitié des 18-64 ans sont même en dessous des 7500 pas par jour. Plus grave encore selon les experts, près d’un tiers de cette population pourrait même être qualifié de sédentaire, avec moins de 5000 pas/jour. L’étude précise par ailleurs un écart toujours plus important entre, d’un côté, les Français peu actifs ou sédentaires, dont la proportion ne cesse d’augmenter (passant respectivement de 22% en 2012 à 25% en 2013 et 29% en 2014) et de l’autre, la part de ceux qui sont actifs ou très actifs, en baisse. Ils étaient 16% en 2012 contre 11% en 2014. Enfin, lorsque les chercheurs observent le niveau d’activité sportive régulière des individus, le bilan est loin d’être plus satisfaisant. Près d’1 Français sur 2 ne pratiquent aucune activité physique sportive. Et pour la moitié de la population qui bouge, elle ne l’exerce qu’une fois par semaine, pendant ¾ d’heure ou plus.
Ecoutez le Pr Jean-François Toussaint, directeur de l'Irmes, Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport : "Ces chiffres montrent même que la situation se dégrade par rapport à 2012 !"
La sédentarité des ados et des jeunes très inquiétante
Cette année, ce sondage s’est particulièrement intéressé aux 11-17 ans et aux jeunes adultes de 18 à 24 ans. Et malheureusement c’est un constat encore plus alarmant que pour leurs aînés que dressent ces scientifiques. Tout d’abord, il ressort globalement que les adolescents sont encore plus inactifs que les adultes. 41% des ados ne pratiquent aucune activité physique. En moyenne, les 11 à 17 ans font 7 966 pas/jour. Si le nombre de pas moyens n’augmente pas avec l’âge, on observe toutefois une nette hausse au moment de l’entrée au lycée. Sans toutefois atteindre l’objectif des 10 000 pas/jour, les lycéens s’en rapprochent donc davantage avec 8386 pas/jour contre 7710 pour les collégiens. Néanmois, les auteurs de cette enquête précisent que les jeunes de cette tranche d’âge se dépensent quand même nettement plus dans le cadre d’une activité physique ou sportive, puisque 59% d’entre eux déclarent en pratiquer une régulièrement. Et sans surprise, "le temps passé devant un écran impact de manière significative l'activité des aolescents", précisent les auteurs de cette enquête. Ceux qui passent moins de 4h devant un écran font plus de 8500 pas contre seulement 6155 pour ceux qui restent devant plus de 6h !
Le manque de temps, d’équipement et de motivation
Alors quels sont les principaux freins invoqués par les Français pour justifier ce manque d’activité physique ? Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer en période de crise, ce n’est pas le manque d’argent qui arrive en 1ère position, mais c’est plutôt le classique « manque de temps ». Ce sondage montre que pour 40% des Français, les horaires de travails sont cités en premier lieu, vient ensuite à 36% l’absence d’offre d’équipement et enfin pour 17% des interrogés, sans surprise c’est la rengaine du manque de motivation qui ressort. Et lorsqu’on questionne plus précisément ceux qui pratiquent une activité physique ou sportive, ils le font majoritairement pour des raisons de santé, de bien-être et d’entretien physique (65 %). « Avec 50 points d’écart (!), la notion de plaisir et d’amusement (15 %) arrive très loin en seconde position », peut-on lire au travers des résultats détaillés de l’étude. Pourtant, les Français sous-estiment l'intérêt de l'activité physique sur certaines pathologies et notamment le cancer.
Ecoutez le Pr Jean-François Toussaint : "Les Français n'ont toujours pas conscience que l'activité physique protège du cancer".
Pour les auteurs, ces résultats confirment d'agir sur plusieurs leviers pour faire bouger les Français: développer les campagnes d’information et de sensibilisation sur les nombreux effets bénéfiques de l’activité physique, mais aussi les espaces verts, pistes cycles et autres aménagements urbains, et encore inciter les parents à montrer l'exemple.