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Le toucher

Par le Dr Jean-François Lemoine

C’est le grand neurochirurgien Yves Lazorthes qui le dit : « Le monde des odeurs, des formes, des couleurs, des sons, est purement subjectif ; il est de simple apparence. Seul le toucher fournit la certitude d'une réalité… »  Et bien, le toucher est l’ensemble de cinq sensations : contact, pression, chaleur, froid, et douleur. Une bonne partie de ces informations est spécifique : par exemple, nous n’avons pas d’autre moyen de connaître la température.
Ce sens, comme tous les autres, s’altère avec l’âge. Ce qui explique, par exemple, qu’en vieillissant, on devient plus frileux parce que la circulation sanguine au niveau des extrémités diminue et altère la perception. Cela explique aussi pourquoi les gens âgés sont plus sensibles aux changements de température, qu’ils n’ont pas un goût prononcé pour l’air conditionné, et qu’ils préfèrent les ventilateurs parce qu'ils n'occasionnent pas de changements brusques de température.

Par le toucher, les êtres humains peuvent développer tout un langage non verbal. Toutefois, les contacts tactiles peuvent être perçus différemment selon les cultures, le sexe – les femmes sont plus sensibles –, l'âge ou le statut social. Dans notre société, seuls certains contacts tactiles – entre autres, la poignée de main et les accolades – sont couramment acceptés dans les relations sociales. 
Contrairement aux autres sens, l'interprétation des messages tactiles par le cerveau demeure, pour les scientifiques, un domaine encore complexe et obscur. Le toucher n’est pas un sens indépendant des autres. Il permet de mieux connecter la vision et l'audition, et peut même significativement faciliter l'apprentissage de la lecture. 

La peau est l’organe le plus lourd, le plus grand et le plus volumineux de notre corps. Le toucher, qui en dépend, est donc notre sens le moins vulnérable : ainsi, quand la vue ou l'ouïe sont altérées, le toucher permet encore une interaction fine avec le monde environnant. Il est donc exploité par certains malvoyants qui utilisent en particulier l'extrême sensibilité des doigts pour s'informer et améliorer leur communication. L’utilisation du braille est l'application majeure de ce potentiel.
En conclusion, le toucher est considéré comme l'expression d'amitié, de chaleur, d'amour, de réconfort et de protection. Les femmes montrent une plus grande réceptivité aux contacts tactiles. Les hommes, eux, craignent l'envahissement de leur territoire si aucune justification du toucher ne leur est offerte au préalable.
Pourtant, on laissera la conclusion finale à Jean-Paul Sartre, qui disait : « La caresse recrée l'être qu'elle caresse. »