80 % des petits Français ont une tétine et 13 % sucent leur pouce, une habitude souvent source d’inquiétudes pour leurs parents. La Fédération française d’orthodontie (FFO) lance donc une campagne pour répondre aux interrogations des parents.
Est-ce normal ?
La succion est un besoin naturel du nourrisson, c’est un phénomène spontané et inconscient qu’il développe dès dans le ventre de sa mère. Une fois l’enfant né, la succion a un rôle à la fois alimentaire et relaxant, qui favorise l’endormissement. Des études ont même mis en évidence que la tétine réduit le risque de mort subite du nourrisson en modifiant la circulation de l’air entre la bouche et le nez, libérant ainsi les voies aériennes supérieures.
Est-ce néfaste ?
Chez les tout-petits, le manque d’hygiène est un inconvénient majeur. Les tétines qui tranent partout ou les pouces pas très propres portés à la bouche sont de véritables nids à microbes et donc à infection. Des études scandinaves ont également montré sans apporter d’explication que les enfants utilisateurs de tétines avaient davantage d’otites.
Plus la succion est tardive, plus les conséquences sont importantes. L’acquisition du langage peut être gênée et du point de vue orthodontique, la formation du palais et des mâchoires est perturbée. La langue de l’enfant étant maintenue vers le bas par la tétine ou le pouce, elle ne vient pas s’appuyer contre le palais et stimuler sa croissance. Les enfants qui continuent de sucer leur pouce ou leur tétine à un âge avancé risquent donc d’avoir un palais étroit, qu’il faut parfois opérer pour poser une plaque élargissante avec de petits vérins. Leurs mâchoires se développent également autour de « l’obstacle », créant une béance, c’est à dire un espace anormal entre les dents du haut et les dents du bas.
Pouce ou tétine ?
Pour les orthodontistes, pas question de conseiller l’un ou l’autre, ni de cautionner les appellations de tétine physiologique ou orthondontique développées par certains fabricants de tétines vendues en pharmacie. « Ce ne sont que des appellations commerciales », réagit le Dr Claude Bourdillat-Mikol, orthodontiste à Marly-le-Roi et membre de la FFO.
A quel âge faut-il s’en passer ?
Idéalement, le sevrage doit commencer vers 6 mois, lorsque débute la communication orale. Pour éviter des conséquences dommageables pour le palais, les mâchoires et les dents, l’habitude de succion doit être abandonnée vers 3 ans, âge auquel toutes les dents de lait sont apparues. Si la succion persiste après 4 ans, voire après 6 ans, les conséquences nécessitent souvent d’élargir la mâchoire supérieure et de porter une gouttière dentaire la nuit pour rééduquer la mâchoire inférieure.
Comment aider son enfant à arrêter ?
Qu’il s’agisse d’abandonner son pouce ou sa tétine, les spécialistes préconisent aux parents d’y aller en douceur en choisissant une période propice comme les vacances. Pour obtenir l’adhésion de l’enfant, certaines astuces peuvent aider. Par exemple, ne pas faire sortir la tétine de la chambre, pour associer son usage au sommeil uniquement. Mettre un sparadrap sur le pouce peut également aider l’enfant à perdre l’habitude de le porter à sa bouche. Faire symboliquement jeter toutes les tétines à l’enfant et marquer l’événement par un petit cadeau est aussi efficace, à condition que la motivation vienne de l’enfant. Si besoin, la parole médicale conseillant à l’enfant d’abandonner cette habitude de petit peut aussi être un facteur motivant.
Pour mobiliser les familles, la Fédération française d’orthodontie (FFO) organise cet été un jeu-concours vidéo baptisé « Comment j’ai arrêté ». Chaque enfant participant doit raconter face caméra comment et pourquoi il a arrêté de sucer son pouce ou sa tétine. Une fois la vidéo d’une minute maximum postée sur la page facebook de la FFO, la vidéo qui aura recueilli le plus de J’aime à la fin des vacances permettra à un enfant de moins de 5 ans de gagner une tablette tactile et à un enfant de plus de 5 ans de remporter un an d’abonnement à Mon Petit Quotidien.