Je vous comprends, il est difficile d’interpréter les résultats d’un examen de sang. Des noms savants, des initiales et des chiffres. Alors, je vais essayer de vous aider à décrypter cette feuille de résultats…
Mai d’abord, est-ce indispensable de faire ces prises de sang ? Lorsqu’il s’agit de faire un diagnostic, c’est bien évidemment fondamental. En ce qui concerne la prise de sang des « bien portants », la Sécurité Sociale n’aime pas beaucoup… Mais sans en abuser, ce bilan reste, sans doute, le meilleur indicateur de notre état de santé. Un instantané que l’on peut conserver pour chiffrer de façon objective une amélioration… ou une détérioration de notre état. Oui mais voilà, on peut, grâce à quelques gouttes de sang, tester des milliers de paramètres ; lesquels privilégier ? C’est toute la différence entre l’examen pour comprendre un état anormal et le bilan systématique.
On va essayer de dresser le portrait de la prise de sang idéale. Il y a presque toujours deux feuilles de résultats séparées. La première concerne l'hématologie, c’est-à-dire ce qui compose le sang. L’autre s’intéresse à l'analyse des substances chimiques que transporte le sang.
Votre médecin demande d’abord ce que l’on appelle une numération formule sanguine, c’est-à-dire qu’on va compter et contrôler vos globules rouges. Normalement, on a entre 4 et 5 millions et demi de globules rouges, un peu plus chez l’homme que chez la femme. Il y a ensuite tout un tas de chiffres qui donnent le volume, la densité et la concentration de ces globules rouges. Le décompte des globules blancs est sous l’appellation savante de « leucocytes ».
Il y a plusieurs catégories de globules blancs, ce qui explique tous ces noms compliqués : éosinophiles, qui augmentent en cas d’allergie, et autres polynucléaires. Tout cela, ce sont des globules blancs. Leur nombre est beaucoup moins précis que pour les globules rouges puisque la normale se situe entre 4 et 10 000. La vitesse de sédimentation qui suit toujours le décompte de nos globules – la VS comme disent les médecins – est un excellent repère chiffré de l’infection. S’il y a une infection, la VS est toujours élevée. C’est une mesure importante en médecine de tous les jours.
Enfin, s’ajoutent au comptage des éléments composant le sang normal les plaquettes, qui n’ont rien à voir avec le freinage, mais permettent de quantifier le pouvoir qu’a le sang de coaguler rapidement en cas d’hémorragie. Des plaquettes en dessous de 150 000 et on saigne anormalement.
En lisant le compte-rendu de la prise de sang, on constate aussi toute une série de chiffres et de valeurs – comme l’hématocrite, dont on a beaucoup parlé sur le Tour de France –. Ce sont des données complémentaires. Elles sont toujours effectuées, mais cela doit être analysé par un professionnel.
Pour savoir si les chiffres sont normaux, il suffit de chausser ses lunettes et de regarder plus en détail, car le laboratoire donne toujours les valeurs normales. Et ne vous inquiétez pas outre mesure si certains chiffres sont limites. Ce sont souvent des désordres passagers. C’est votre médecin, qui reçoit toujours directement par le laboratoire le double de vos examens, qui saura s’il y a lieu de s’inquiéter et surtout de vérifier.
Ensuite, c’est la deuxième feuille, on va tester les résultats de l’alimentation sur notre organisme. Le juge de paix de notre « malbouffe » ! Les sucres, grâce à la glycémie, les graisses avec le cholestérol et les triglycérides. Pour le cholestérol, il faut doser le bon et le mauvais. Le bon, c’est le HDL : plus il est élevé, plus vous êtes protégé. Le mauvais, c’est le LDL : l’objectif est de l’avoir, ce LDL, le plus bas possible. C’est alors un incontestable signe de longévité qui se transmet d’ailleurs non pas par l’alimentation, mais plutôt par l’hérédité. Avec les triglycérides, on aura probablement une vision quasi parfaite de l’état de votre bar. Car plus les triglycérides sont élevés, plus on devra faire attention aux sucres, aux graisses et à l’alcool, qui a une fâcheuse tendance à les faire monter. Et enfin, si votre foie vous inquiète à cause des triglycérides, avec les transaminases, on saura si la piste est sérieuse et mérite d’être suivie.
Le taux d’urée ou la créatinine donnent une bonne idée du fonctionnement des reins. Enfin, si votre sagesse a été exemplaire, le test de dépistage du SIDA – que vous avez bien évidemment déjà fait – ne s’impose même pas.
Il faut faire un bilan une fois tous les 3 à 5 ans si rien d’anormal n’a été constaté. Voilà le bon réglage entre 40 et 60 ans. Après, une fois par an, toujours en l’absence d’anomalie, tout le monde sera satisfait, y compris l’Assurance Maladie.