Contrôle de la glycémie au bout du doigt, injections d’insuline, crainte de l’hypoglycémie. Le quotidien d’un diabétique de type 1 n’est pas de tout repos. Les appareils et approches dévoilés au congrès de l’American Diabetes Association (ADA, 13 au 17 juin, San Francisco) visent tous à simplifier les différentes procédures. Le Pr Eric Renard, coordinateur du service d’endocrinologie au CHU de Montpellier (Hérault), développe actuellement un pancréas artificiel automatisé.
Trois mois au lieu d’une nuit
Le pancréas artificiel est un dispositif composé d’un petit capteur qui contrôle la glycémie et d’une application smartphone qui calcule la dose d’insuline nécessaire au patient. Peu invasif, le système permet aussi de soulager le malade au quotidien des contrôles par piqûre au bout du doigt.
Ce lundi, une équipe internationale présente un essai de 42 heures réalisé en Italie, en France, et aux Etats-Unis. Des patients ont porté un pancréas artificiel entièrement automatisé pendant 14 heures (dîner et nuit), puis sont restés sous contrôle pendant 28 heures au sein d’un hôtel (4 repas et une nuit). D’ordinaire, les patients équipés ne peuvent rester qu’une nuit hors de l’hôpital. Grâce à l’appareil, le risque d’hypoglycémie nocturne est réduit de moitié ! Des résultats si positifs que dès lundi, un patient de Montpellier sera équipé pendant 3 mois d’un dispositif similaire, annonce le Pr Renard.
Pr Eric Renard, coordinateur du service d’endocrinologie au CHU de Montpellier : « L’automatisation se fera dans un premier temps sur la période nocturne. Les patients se brancheront en rentrant le soir. Le jour, ils auront la mesure en continu du glucose. »
Les pompes à insuline et le pancréas artificiel La pompe à insuline est un appareil électronique qui administre en continu et de façon programmée de petites doses d’insuline au patient diabétique. Au moment des repas, le malade commande des doses complémentaires. La pompe remplace ainsi les injections d’insuline réalisées plusieurs fois par jour. Le pancréas artificiel fonctionne selon le même principe, mais il est automatisé grâce à des capteurs sous la peau. Une aiguille souple permet de mesurer toutes les 5 minutes le glucose dans le sang du patient. Les informations relevées sont envoyées en Bluetooth à une application sur le téléphone portable. En fonction de l’évolution de la glycémie, et des prédictions d’évolution, un algorithme gère les apports en insuline, selon les besoins du patient. |
Un soulagement au quotidien
Au total, une douzaine de patients dans chaque centre d’étude participeront à cet essai. Leurs consignes sont simples : annoncer au pancréas artificiel, avant le repas, ce qu’ils vont manger via l’application sur le téléphone. Un algorithme évalue alors la quantité d’insuline qui sera nécessaire pour réguler la glycémie du malade pour qu'elle soit injectée avant le repas. Les patients sont pour le moment « experts » dans le contrôle en continu de leur glycémie. Mais à terme, un tel outil devrait s’adresser avant tout aux patients qui ont du mal à la gérer, comme les enfants, qui pourront ainsi mener une vie quasi-normale.
Pr Eric Renard : « Les patients vont l’utiliser dans leur vie quotidienne et leur environnement habituel, alors que les autres essais étaient en milieu protégé. »
Les écueils : autonomie et remboursement
Seul hic de l’appareil : il doit être alimenté en continu afin de fonctionner sans heurts. Les piles ne sont pour le moment pas assez autonomes pour un fonctionnement automatique sur 24 heures. Cet écueil devrait être résolu d’ici septembre, déclare le Pr Renard. Une étude sera lancée en France et aux Etats-Unis afin d’évaluer un nouveau système qui combine économies d’énergie et plus longue autonomie des batteries. Mais dans l’éventualité où le pancréas artificiel s’arrête, la situation ne sera pas dramatique.
Pr Eric Renard : « La défaillance de la pompe ou des capteurs est prévue dans le système. Au pire, le patient retrouve ce qu’il connaît déjà : une pompe en manuel avec une glycémie au bout du doigt. »
Reste une question cruciale : le coût des appareils. Les pompes à insuline sont actuellement prises en charge en intégralité par la sécurité sociale. Mais les capteurs de glucose, qui font tout l’intérêt du pancréas artificiel, ne le sont pas. Le Pr Renard espère y parvenir rapidement car « tout cela n’existe pas si les capteurs ne sont pas pris en charge. » Et pour cause : l’appareillage reviendrait à environ 3 000 euros par an et par patient.