On pourrait la classer dans les maladies anciennes, voire disparues. Et bien c’est tout le contraire ! L'incidence de la goutte augmente dans les pays occidentaux, et c’est la plus fréquente des arthrites inflammatoires de l’homme âgé de plus de 40 ans. De plus, cette pathologie n’est plus réservée aux hommes, et sa fréquence augmente chez les femmes.
Pour avoir une idée précise de la prévalence en France, une enquête appelée Equipage a été menée par les Pr Pascal Richette et Thomas Bardin, rhumatologues à l’hôpital Lariboisière à Paris, et financée par les laboratoires Menarini et le groupe Ipsen. Elle montre que la goutte touche 0,9 % de la population française, soit 450 000 personnes.
Une mauvaise observance
Pourtant c’est une maladie souvent négligée. Elle fait partie des pathologies chroniques pour lesquelles l’observance est la moins bonne. Ainsi, celle-ci ne dépasse pas les 36 à 44 %, selon les études. Or, en l’absence de traitement, la goutte peut conduire à des complications graves.
Elle est due à un excès d’acide urique dans le sang. Les cristaux d’urate s’accumulent et se déposent dans les articulations, sans que le patient ne présente de symptômes. De façon imprévisible, ces cristaux précipitent et provoquent un accès aigu de goutte à l’origine d’une inflammation locale et de douleurs. Ces crises touchent toutes les articulations, mais surtout celles du gros orteil. Les cristaux entraînent la destruction du cartilage et de l’os, et sont à l’origine de dépôts tissulaires appelés tophus.
Eviter les excès alimentaires
La goutte est liée notamment aux excès alimentaires, car l’acide urique provient de la dégradation des purines, molécules très abondantes dans la viande rouge, certains poissons, l’alcool… L’obésité multiplie par 2 à 3 le risque de goutte.
Depuis une dizaine d’années, des progrès ont été faits dans le domaine thérapeutique. La crise aigüe est traitée par de la colchicine et des anti-inflammatoires. Et des traitements de fonds sont également disponibles. Un nouveau médicament a fait son apparition, il s’agit d’un anti-interleukine 1, pour les patients chez lesquels les autres produits sont inefficaces. Une bonne prise en charge permet donc d'éviter de nombreuses complications, d'où l'importance d'un dépistage et d'une bonne éducation thérapeutique.