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Loi de santé : feu vert au tiers payant pour tous

Par Cécile Coumau

MOTS-CLÉS :

C'est l'une des mesures de la loi de santé que Marisol Touraine va présenter demain qui va faire le plus débat : la généralisation du tiers payant chez les médecins. En clair, à l'horizon 2017, tous les Français pourront ne plus débourser un centime lorsqu'ils se rendront chez leur généraliste ou chez un spécialiste. Mais un million de Français devrait profiter de ce système d'avance de frais dès cette année, ceux dont les revenus sont juste au-dessus de la CMU.


Pourquoi le gouvernement décide-t-il de passer à l'acte sur le sujet alors que l'idée traîne dans les cartons depuis bien longtemps ? La réponse, c'est le Parisien qui la donne en révélant l'exposé des motifs de ce projet de loi, envoyé par le ministère à l'Elysée : « Depuis plusieurs années, les Français observent une dégradation continue de la prise en charge de leurs dépenses de santé. De nouvelles situations d'exclusion apparaissent pour les ménages à bas revenus, au point d'entraîner des formes de renoncement aux soins. »


Si le problème d'accès aux soins est attesté par nombres d'études et autres sondages, le projet du gouvernement ne fait pourtant pas l'unanimité. Comme l'explique Le Parisien, il y a d'un côté les patients et les mutuelles qui applaudissent des deux mains, et de l'autre, les médecins qui alertent. « C’est une revendication historique des associations de malades qui va enfin être satisfaite. Bravo à Marisol Touraine ! », s'enthousiasme Claude Rambaud, la présidente du Collectif interassociatif sur la santé dans les colonnes du quotidien. « Si on ne fait pas ça, on aura une explosion des maladies. La crise, le chômage… cela crée aussi des pathologies », ajoute-t-elle. Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (principal syndicat de médecins) précise, lui, être opposé à la généralisation du tiers payant car on va « déresponsabiliser le patient », « banaliser l'acte qui deviendra un service et un dû avec le risque de surconsommation ». Les médecins redoutent aussi la complexité du système : « Comment allons-nous faire payer la part des complémentaires santé, qui sont plus de 400 en France ? On n’a pas de temps pour cela, et le prix de nos consultations ne nous permet pas d’absorber le coût de traitement d’une feuille de soins, évalué par les mutuelles à 3,50 € l’unité », déclare Jean-Paul Ortiz dans Le Parisien.


Et sur ce point, les pharmaciens qui ont mis en place le tiers payant généralisé depuis une vingtaine d'années ne sont pas totalement rassurants. Si Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ne « ferait pas marche arrière », des pharmaciens témoignent de la complexité à se faire payer la part des mutuelles. L'un raconte qu'il paie un organisme 400 à 600 euros par mois pour gérer le contentieux, un autre qu'il a 300 demandes de remboursement par les complémentaires en attente de règlement. Reste à savoir comment un médecin isolé dans son cabinet pourra faire face à cette charge administrative et financière.