L'enquête aura été longue et minutieuse mais l'origine de traces anormales de plutonium découvertes dans la Seine en 2010 a enfin été trouvée. Dans le cadre d’un programme de recherches lancé en 2008 destinées à reconstituer l’historique des apports de polluants métalliques dans la Seine, l’Institut de Radioprotection de Sûreté Nucléaire (IRSN) a réalisé des prélèvements dans un de ses estuaires fluviaux (la darse des Docks à Rouen) et dans une partie du fleuve (une plaine d’inondation à Bouafles). C’est ainsi qu’en 2010, l’IRSN a donc prévenu l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) de la détection de concentrations anormales en plutonium dans ces sédiments. En 2011, l’ASN a demandé, à son tour, au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) de préciser l’origine de ces anomalies. Une note publiée ce mercredi sur le site de l’ASN précise donc la cause de ces traces et l’absence de risque sanitaire pour la population.
Des rejets qui datent de 1960 et 1975
L’ASN a donc minutieusement recherché les sources à l’origine des anomalies détectées dans les sédiments de la Seine et interrogé les exploitants nucléaires potentiellement concernés par la production de ces sources. C’est ainsi que le CEA a donc confirmé que le marquage de certains de ces sédiments correspondant à l’année 1975 était lié aux activités de recherche sur les procédés de retraitement et de séparation d’éléments radioactifs qu’il menait dans ces années là sur le site de Fontenay-aux-Roses. D’autres anomalies ont été datées de 1961 mais leur origine n’a cependant pas pu être identifiée. « Les installations du CEA de Fontenay-aux-Roses sont autorisées à rejeter des effluents liquides dans les réseaux d’eaux usées, sous certaines conditions, rappelle l’ASN sur son site à propos des dépôts de 1975. Ces effluents ont pu être rejetés directement en Seine ou être traités par la station d’épuration d’Achères avant leur rejet en Seine. Les boues de la station d’épuration issues du traitement ont pu, par ailleurs, être épandues dans les champs voisins ».
Pas d’impact sur les personnes potentiellement exposées
Evidemment, l’ASN a également demandé une évaluation du risque sanitaire potentiel de ces dépôts. Résultat, l’expertise de l’IRSN révèle qu’il n’est pas justifié de mettre en place des mesures particulières de suivi ou de protection des populations qui auraient pu être exposées. Ainsi égoutiers, personnel de la station d’Achères, riverains, agriculteurs travaillant aux alentours ou même résidents consommant des aliments provenant de champs situés dans cette zone, ne courent aucun risque d’après les autorités. Concrètement le rapport d’expertise de l’IRSN montre que l’impact dosimétrique maximal sur la population potentiellement exposée est faible, de l’ordre de 0,12 mSv (millisievert) sur une année. En comparaison, la radioactivité naturelle reçue par toute personne en France est de 2,4 mSv et celle des examens médicaux de 1,3 mSv