Pour certaines personnes suivre une conversation lorsqu’il y a beaucoup de bruit ambiant s’avère être un vrai calvaire et pourtant il arrive que chez ces individus le test pour mesurer l’audition, à savoir l’audiogramme, révèle que ce défaut d’audition est léger et ne nécessite aucun appareillage. Pourtant, des chercheurs français de l’Institut Pasteur, de l’Inserm, du Collège de France et de l’Université Pierre et Marie Curie viennent d’élucider l’anomalie physiologique qui pourrait être à l’origine de ce trouble. Ils viennent notamment de montrer qu’il constituerait un déficit auditif beaucoup plus profond qu’on ne le pensait jusque là. Grâce à un modèle de souris reproduisant une perturbation de la perception des sons aigus chez l’homme, cette équipe a donc pu trouver les anomalies physiologiques réellement en cause.
Une altération profonde du traitement des fréquences
C’est en étudiant un type de souris particulier, car porteuses d’une mutation affectant certaines cellules sensorielles de l’oreille interne, que ces chercheurs ont pu établir un parallèle rappelant la gêne rapportée par ces malentendants soit disant léger. « La souris étudiée présente une perte auditive en apparence très modérée, qui ne concerne que les sons aigus (sons de haute fréquence), qui sont traités à la base de la cochlée, explique le communiqué de l’Inserm-Pasteur. Les défauts morphologiques observés sont pourtant très importants à ce niveau : les cellules ciliées externes de la base de la cochlée ne peuvent plus répondre aux hautes fréquences, et leurs touffes ciliaires, qui jouent le rôle d’antenne de réception du son, sont gravement touchées ». A partir de cette constatation, ces scientifiques ont ensuite montré que chez ces souris, la région apicale de la cochlée elle, indemne de toute atteinte, qui traite normalement les sons graves, répondrait, non seulement aux sons graves, mais également aux sons aigus. Elle se substituerait ainsi fonctionnellement à leur région habituelle de codage, la base de la cochlée, qui a donc perdu perdu sa sensibilité.
Des audiogrammes faussement optimistes
Et bonne nouvelle, selon ces chercheurs, il est tout à fait envisageable de transposer cette découverte chez l’homme. « Transposés à l’homme, ces résultats pointent l’existence, chez certains individus, d’audiogrammes faussement optimistes, qui dissuadent à tort de les appareiller », concluent-ils. Ainsi ces scientifiques espèrent que leur recherche permettront de faire évoluer la pratique clinique et donc le diagnostic de cette forme de perte auditive en apparence légère qui pourtant nécessiterait un appareillage. Ils proposent notamment que chez les patients se plaignant de ce type de gêne en présence de bruit, des tests auditifs plus poussés soient réalisés en complément de l’audiogramme classique. Ces individus ainsi dépistés pourraient ainsi être équipés de prothèses auditives capables de rétablir sélectivement la détection des hautes fréquences, tout en évitant l’interférence par les sons graves.