Une dépression augmente le risque cardiaque d’une femme jeune. Des disparités entre les sexes et les classes d’âge émergent d’une étude publiée ce 18 juin dans le Journal of the American Heart Association. Il en ressort que les femmes de moins de 55 ans qui présentent des symptômes dépressifs sont plus à risque de développer une maladie cardiaque, voire d’en mourir.
Un facteur de risque « caché »
Les chercheurs ont suivi plus de 3 200 patients qui avaient prévu une angiographie coronaire, examen aux rayons X qui permet de détecter une maladie des artères coronaires. Ils ont également évalué s’ils souffraient ou non de dépression puis ont établi un suivi des participants pendant 3 ans. Chez les hommes et les femmes de plus de 55 ans, la présence d’une dépression ne prédit pas celle d’une maladie cardiaque. Ce n’est pas le cas chez les participantes âgées de moins de 55 ans.
Dans ce groupe, le risque de subir une crise cardiaque, d’en mourir, ou d’avoir besoin de poser un stent (l'angioplastie, une opération qui consiste à maintenir une artère ouverte pour rétablir le flux sanguin) est doublé lorsque les patientes souffrent d’une dépression modérée à sévère. Elles sont aussi 2,45 fois plus à risque de mourir de toutes causes. Des données cruciales puisque ces femmes sont aussi plus à risque de souffrir d’une dépression. « Ce pourrait donc être un des facteurs de risque « cachés » qui explique pourquoi les femmes meurent à un taux disproportionné par rapport aux hommes après une crise cardiaque », estime le Dr Amit Shah, auteur de l’étude. Car plus la dépression est présente, plus le risque de maladie cardiaque augmente : à chaque hausse de 1 point sur l'échelle d'évaluation de la dépression, la probabilité que la patiente ait une maladie cardiaque grimpe de 7 %.
Cibler les femmes très tôt
L’American Heart Association a déjà suggéré que la dépression est un facteur de risque cardiovasculaire en 2008. Ces résultats le confirment, et soulignent la nécessité de cibler un public bien particulier : les femmes jeunes. « Tout le monde, particulièrement les femmes jeunes, doit prendre la dépression très au sérieux. La dépression elle-même est un motif d’action, mais savoir qu’elle est associée à un risque accru de maladie cardiaque et de décès devrait inciter les gens à chercher de l’aide », explique le Dr Shah. En effet, dans le cadre de l’étude, 27 % des participantes de moins de 55 ans présentaient des symptômes dépressifs modérés à sévères. Les raisons de ces disparités sont encore floues, reconnaissent les chercheurs. Ils évoquent toutefois quelques pistes de recherches : les femmes pourraient réagir différemment à la dépression, la dépression pourrait affecter la régulation des hormones. Ils ajoutent que le comportement, comme une vie sédentaire, le tabagisme ou la prise de médicaments doivent être envisagés. Mais très peu d'études peuvent le confirmer.