Fin avril, plusieurs cas de bilharziose urogénitale, une affection parasitaire dûe à un ver plat appelé schisotome, ont été diagnostiqués en Corse du Sud. Ces contaminations auraient eu lieu entre 2011 et 2013, chez plusieurs familles d’estivants qui se sont baignées dans la rivière Cavu.
Il y a quelques jours, le Haut Conseil de la santé publique demandait donc à toutes les personnes exposées, même brièvement avec cette eau entre 2011 et 2013 et sur une période allant de juin à septembre, de consulter un médecin traitant pour un dépistage.
C’est dans ce contexte que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de damnder aux professionnels de santé la plus grande vigilance vis-à-vis de la prescription du traitement contre cette pathologie. En effet, l’antiparasitaire de référence, le praziquantel (Biltricide) fait actuellement l’objet « de tensions d’approvisionnement » sur le territoire français.
Réserver le médicament aux cas confirmés biologiquement
L’ANSM rappelle que le traitement antiparasitaire curatif de référence de la bilharziose est le praziquantel (Biltricide 600 mg). L’Agence rappelle que la dose recommandée dans la bilharziose urogénitale est de 40 mg/kg en une prise. Par ailleurs, elle précise également que l’autorisation de mise sur le marché de ce traitement devrait être prochainement modifiée. En effet, le contre-indication de ce médicament au cours du 1er trimestre de grossesse devrait être levée et une précision sera ajoutée concernant l’inaction de la molécule sur les larves lors de la phase d’invasion du patient.
Enfin, « du fait des tensions d’approvisionnement dans ce contexte de découverte de cas groupés de bilharziose » , l’ANSM demande aux médecins « de réserver la prescription du praziquantel aux indications de l’AMM (bilharzioses et distomatoses) pour des patients présentant des pathologies parasitaires confirmées biologiquement ».
Les autorités sanitaires ajoutent que ce médicament est inefficace en prévention et qu’il ne doit pas être prescrit pour traiter le ver solitaire, le ténia, qui est une indication hors-AMM. Pour cette maladie, d’autres traitement restent évidemment à la disposition des patients.
Quels sont les symptômes de la bilharziose ?
Ce sont d’abord des manifestations allergiques, comme de la fièvre, une toux ou un urticaire, puis des signes urinaires. En effet des difficultés urinaires, du sang dans les urines, des cystites à répétition ou encore des douleurs sus-pubiennes peuvent être des signes cliniques évocateur de bilharziose. Mais l’infection peut passer inaperçue et des complications plus ou moins graves peuvent survenir en l’absence de traitement (fibrose de la vessie, rétrécissement des voies urinaires, calculs, insuffisance rénale et parfois, cancer de la vessie ).
Le seul diagnostic fiable repose sur un examen sérologique par une simple prise de sang. Même s’il n’y a pas de transmission interhumaine directe de la bilharziose, une personne infectée peut contaminer un cours d’eau en urinant, éliminant ainsi les œufs du parasite. Une fois dans l’eau, ils évoluent vers un hôte intermédiaire, un mollusque, pendant 4 semaines et libèrent des larves. Celles-ci pénètrent le corps humain à travers la peau à l’occasion d’un contact, même bref. Les larves deviennent adultes et migrent vers la vessie. Elles pondent alors des œufs, et le cycle peut ainsi recommencer…