Voilà une étude qui tombe à point pour la fête de la musique, et qui ravira les mélomanes. Jouer de la musique bénéficie au cerveau, plusieurs études l'ont prouvé. L'écouter aussi puisque cela stimule la mémoire à long terme, révèlent des chercheurs finlandais dans une recherche à paraître dans l’édition d’août de Cortex.
Un lien étroit entre court et long terme
Dans le cadre de cette étude, des participants ont écouté intégralement un morceau de tango argentin, écrit par Astor Piazzolla, Adios Noniño. Pendant l’écoute, les réactions du cerveau, et plus particulièrement de l’hippocampe, ont été observées par les chercheurs. S’ils ont utilisé un tango argentin, c’est parce que ce style musical propose des motifs bien définis, qui se répètent, et qu’on peut donc facilement suivre. Une telle approche était donc plus intéressante qu’une simulation en laboratoire.
Il ressort de cette écoute qu’une partie du cerveau impliquée dans la mémorisation à long terme (le lobe temporal médial) s’active davantage lorsque les phrases répétitives du morceau sont diffusées. « Cela signifie que les aires du lobe sont impliquées dans la reconnaissance à court terme des phrases musicales », analyse Iballa Burunat, principal auteur de l’étude. Mais « les aires identifiées pourraient aussi être liées à la création de traces plus permanentes dans la mémoire par le morceau. »
La puissance émotionnelle de la musique
Mais si la mémoire à long terme est activée, c’est peut-être aussi parce que la musique provoque des émotions, supposent les chercheurs. « Nous ne pouvons pas ignorer le pouvoir émotionnel de la musique », souligne Iballa Burunat. Une piste d’autant plus possible que le morceau choisi est un hommage d’Astor Piazzolla à son père, décédé brutalement. Elle estime que cette puissance est primordiale pour expliquer comment on se souvient de certains morceaux, et surtout lesquels on se remémore. Des études l’ont déjà suggéré : l’hippocampe est lié aux circuits impliqués dans les émotions, et les événements à forte charge émotive sont les plus mémorables.
Les mélomanes seront ravis d’apprendre que leur passion stimule leur mémoire. Mais ces résultats pourraient aussi être utilisés chez des patients atteints de maladies qui entraînent une atrophie de l’hippocampe, comme Alzheimer. « La musique pourrait affecter positivement les patients si elle est utilisée de manière intelligente pour stimuler l’hippocampe, et donc le système de mémorisation », indique le Pr Petri Toiviainen, le principal auteur de l'étude.