Ne pas avancer un centime lorsque l'on va chez le médecin... On aurait pu penser que la mesure de tiers payant généralisé annoncé jeudi par la ministre de la Santé serait largement plébiscitée par les Français. Et ce n'est finalement pas le cas. D'après un sondage Ifop à paraître dans Dimanche Ouest-France, une majorité de Français est favorable à la mesure mais ce n'est pas un raz de marée. Ils sont 54 % à se dire favorable "à la généralisation du tiers payant car cela permettra aux plus modestes de pouvoir consulter un médecin alors qu'ils y renoncent parfois car ils ne peuvent pas avancer le prix d'une consultation". Mais, ils sont tout de même 34% à y être opposés "car cela va déresponsabiliser les patients, créer des abus et se traduire par une hausse des dépenses de santé".
60% d'opinion favorable chez les ouvriers
Sans surprise, ce sont ceux qui sont le plus concernés par cette mesure qui y adhèrent le plus : 60 % des employés et des ouvriers sont pour le tiers payant généralisé contre 29% des travailleurs indépendants et 40 % des professions libérales et des cadres supérieurs. Politiquement, les résultats du sondage Ifop sont là aussi sans surprise : un plébiscite (80 %) pour la mesure chez les partisans du Front de gauche, 61 % chez ceux du PS contre 38 % et 50 % chez respectivement les sympathisants UMP et FN.
Les médecins craignent la surconsommation de soins
Du côté des médecins, pas d'enquête pour sonder le pouls de ceux qui vont devoir appliquer le tiers payant à tous leurs patients à partir de 2017. Mais, les syndicats se montrent plus que réticents. A la CSMF, le principal syndicat de médecins, son président, le Dr Jean-Paul Ortiz se dit "tout à fait d'accord pour appliquer le tiers payant à tous ceux qui sont bénéficiaires de l'aide à une complémentaire santé." En revanche, il s'oppose à l'extension de la mesure à l'ensemble de la population parce que "je continue à penser qu'indiscutablement, c'est une incitation au consumérisme et que cela va altérer la relation médecin-patient".
Médecins et malades ne semblent donc pas d'accord. Et notamment sur les effets pervers éventuels de cette mesure. "Bien que d'une manière générale, sous l'effet de la crise économique et financière, l'opinion publique se montre de plus en plus sensible à la maîtrise des dépenses de santé et à la réduction des déficits publics, le risque d'un accroissement non maîtrisé du nombre de consultations, consécutif à la généralisation du tiers payant, n'est pas majoritairement partagé", relève l'institut Ifop. Marisol Touraine se range, elle, du côté des malades puisqu'elle a déclaré lors de la présentation de sa loi de santé : « Je refuse l’idée qu’il y ait des Français irresponsables, je ne crois pas qu’il y ait de touristes de la santé, ni de malades imaginaires au 21èmesiècle".