L'antibiorésistance est une "grave menace" pour la santé et c'est "une réalité dans chaque région du monde". Ce constat, c'est l'Organisation de la santé elle-même qui l'a posé le 30 avril dernier. En clair, si l'on continue à utiliser massivement et sans discernement les antibiotiques, l’efficacité de ces médicaments est remise en cause et cela peut aggraver le pronostic de certaines maladies infectieuses, avec des conséquences importantes sur la santé humaine. Les rapports qui tirent la sonnette d'alarme sont légion. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a donc décidé de s'auto-saisir pour évaluer les risques d'émergence d'antibiorésistances liées aux modes d'utilisation des antibiotiques dans le monde vétérinaire.
Et la menace est telle que l'Anses, dans un rapport publié le 20 juin, préconise "d'abandonner l'usage des antibiotiques en prévention dans les élevages, de réserver l'usage des antibiotiques de dernière génération (céphalosporines et fluoroquinolones de 3ème et 4ème générations), à des situations particulières à bien identifier au préalable par filières, et à strictement encadrer et de privilégier l’utilisation des antibiotiques à spectre étroit, en ciblant précisément la bactérie visée." C'est donc une forte incitation à la modération que lance l'Anses.
Développer les alternatives aux antibiotiques
Mais ces mesures à elles seules ne suffiront pas à lutter contre l'antibiorésistance. L'agence de sécurité sanitaire plaide donc pour que l'on mette à disposition des outils permettant de mieux cibler les traitements antibiotiques et que l'on développe des alternatives à l'usage de ces molécules. La lutte contre le développement des résistances aux antibiotiques passera donc, on le sait aujourd'hui, par une utilisation plus raisonnée de ces médicaments dans les élevages. Une récente enquête de l'association UFC-Que Choisir a une nouvelle fois montré l'ampleur du problème : l'analyse de 100 échantillons de volailles (poulet ou dinde) achetés en grandes surfaces, en boucheries ou sur les marchés a mis en évidence q plus de 3 morceaux sur 5 étaient porteurs de bactéries résistantes à une ou plusieurs familles d’antibiotiques. Encore plus inquiétant, près d’une volaille sur 4 était résistante à un antibiotique critique, comme les céphalosporines de 3e et 4e génération ou les fluoroquinolones, 2 familles d’antibiotiques très utilisées en médecine humaine et particulièrement génératrices de résistances bactériennes.
Objectif : -25% d'ici 2017
Le niveau d'exposition aux antibiotiques de la population animale a déjà diminué de 15% en France au cours des cinq dernières années. Mais les efforts doivent être poursuivis En janvier dernier, les députés avaient par exemple adopté une mesure interdisant les remises ou les ristournes ainsi que la remise d'unités gratuites lors de la vente de médicaments antibiotiques aux éleveurs. Le plan EcoAntibio 2012-2017 fixe un objectif de réduction de 25% en cinq ans.