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Le retour de la coqueluche

Par le Dr Jean-François Lemoine

MOTS-CLÉS :

Le retour de la coqueluche est bien réel, puisqu’on estime qu’il y a 6 fois plus de coqueluches aujourd’hui qu’il y a trente ans. Une recrudescence chez les adolescents, les adultes et les nourrissons pas encore vaccinés. Souvent des forme sévères. 
En France, la coqueluche est la première cause de décès par infection bactérienne chez les nourrissons ayant entre 10 jours et 2 mois…Pourtant, c’est une maladie qui bénéficie depuis très longtemps d’une protection par le vaccin. Et elle survient chez des gens qui ont été vaccinés. Mais cette augmentation doit sans doute être attribuée au déclin de la qualité de cette protection chez les adolescents et les adultes, dans les années qui suivent la vaccination. Le profil habituel des personnes atteintes de la coqueluche a changé en raison de cette large couverture vaccinale. Elle est devenue presque absente de la tranche d’âge cible de cette vaccination, en gros, de 6 mois à 10 ans, mais elle est incontestablement en pleine émergence chez les jeunes adultes. L’adulte représente donc un réservoir important de la maladie et une source majeure de transmission de l'infection aux nourrissons. 

Comment se manifeste-t-elle ? Et bien la coqueluche est une infection respiratoire due à une bactérie. Elle évolue en quatre à huit semaines après une période d'incubation d'une semaine. Elle est très contagieuse. Mais cette nouvelle coqueluche tardive de l’adulte est atypique. Et c’est là le nouveau piège : ces adultes sont encore partiellement protégés par la vaccination qui masque les symptômes : des éternuements, de la toux, un peu de fièvre. Ce que l’on confond habituellement avec un bon rhume. Puis survient la vraie coqueluche, avec ses quintes de toux caractéristiques de la maladie. Chaque quinte est composée de cinq secousses expiratoires suivies d'une longue inspiration bruyante appelée "chant du coq". Durant cette phase, l'enfant est épuisé par la succession des quintes qui le font suffoquer. 
C’est à cause de ces quintes que l’on appelle cette maladie la coqueluche, mais l’origine du nom de la maladie pourrait aussi provenir d’un mot datant du Moyen-Age : le coqueluchon. Le coqueluchon était une sorte de capuche ou capuchon que les gens atteints de coqueluche étaient forcés de porter pour éviter que la maladie se diffuse quand le malade toussait.

La coqueluche a la réputation d’être une maladie grave, car si elle est rarement mortelle chez l’adulte, ce n’est pas le cas chez l’enfant. Actuellement, l'OMS estime qu'à travers le monde, il y aurait environ 50 à 70 millions de cas de coqueluches survenant par an, pour lesquels plus d'un million d'enfants décèdent chaque année, essentiellement dans les pays en voie de développement.
Autrefois, la coqueluche se transmettait d'enfant à enfant, en collectivité ou dans la famille. La couverture vaccinale des tout-petits est donc conçue en ce sens. Aujourd'hui, il faut insister : la contamination a évolué, elle se fait d'adulte à enfant. La contagiosité diminue avec le temps : maximale pendant la phase de toux, elle devient nulle après 5 jours de traitement antibiotique efficace. En l'absence de traitement, la phase contagieuse peut atteindre trois semaines.

On soigne la coqueluche, vous l’aurez compris, avec des antibiotiques, qui, puisqu’il s’agit d’une bactérie, deviennent alors automatiques et marchent très bien. 
Pour les malades, la durée d'éviction est fixée à 30 jours après le début de la maladie ; pour les gens en contact, il n’est pas prévu d'éviction.Deux solutions très logiques pour contrer cette recrudescence :

  - vacciner les nourrissons le plus tôt possible. Pour une protection optimale, il est nécessaire de faire 3 injections du vaccin à 1 mois d’intervalle. De ce fait, ils ne seraient pas totalement protégés jusqu’à l’âge de 4 mois.
  - vacciner les adultes et les adolescents. En France, depuis 1998, un rappel du vaccin est proposé aux enfants dès l’âge de 11 ans. En 2004, on a étendu cette recommandation de rappel aux adultes en contact avec des nourrissons, tels que les professionnels ou les futurs parents. Mais malheureusement, on est forcé de constater que la participation des adolescents et des adultes à ces programmes de vaccination est mauvaise.
Comme ces deux solutions ne présentent pas une efficacité optimale, d’où la recherche d’une troisième solution par les chercheurs de l’INSERM : le développement d’un nouveau vaccin.

On rappelle donc aux jeunes parents qui écoutent : vaccinez-vous contre la coqueluche, et procédez au rappel de vaccin de vos enfants de plus de 18 mois.