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Avec les aliments transformés

Obésité infantile : des spécialistes accusent les sucres ajoutés

Par Audrey Vaugrente

Taxer le sucre, limiter l’accès aux aliments transformés, l’organisation Action on Sugar propose un plan en 7 points pour enrayer l'obésité infantile au Royaume-Uni.

DESRUS BENEDICTE/SIPA

« Aucune excuse, aucun délai. » Dans un courrier adressé au secrétaire d’Etat britannique à la Santé, Jeremy Hunt, l’organisation Action on Sugar appelle à une lutte nationale contre l’obésité infantile. Elle propose pour cela un plan d’action en 7 points, applicable par tout gouvernement.

 

- 40 % de sucres ajoutés

« L’obésité infantile est presque entièrement due à l’environnement alimentaire, et c’est une situation inacceptable », tonne Action on Sugar dans un communiqué. Aliments transformés et boissons sucrées sont les principaux coupables. Face à eux, chacun doit prendre ses responsabilités, l’Etat en tête, souligne Katherine Jenner, nutritionniste et spécialiste en santé publique au sein de l’organisation : « Si les individus font ce qu’ils peuvent pour assurer leur bien-être, le gouvernement doit aussi agir dans notre intérêt plutôt que celui des grandes entreprises. »

La première étape pour réduire le poids de l’obésité infantile consiste à combattre les sucres ajoutés. L’objectif : une réduction de 40 % d’ici 2020. Les aliments les plus consommés par nos têtes blondes sont clairement visés : boissons sucrées, confiseries, chocolats, gâteaux, pâtisseries et autres céréales.

 

Interdire le marketing ciblé

Action on Sugar déclare aussi la guerre aux publicitaires. Le marketing ciblé doit être purement et simplement interdit, estiment les spécialistes de l’organisation. Particulièrement à la télévision, où les publicités encadrant les programmes « d’attrait particulier pour les enfants » font des ravages.
Autre point clé du plan de lutte : la fin du sponsorat des événements sportifs par l’industrie alimentaire. « Il est vraiment honteux que l’industrie alimentaire continue de dépenser des milliards dans la publicité pour la malbouffe en ciblant les jeunes, les membres les plus vulnérables de la société », déplore le Dr Aseem Malhotra, cardiologue et Directice scientifique d’Action on Sugar.

 

Réduire les portions

Les aliments transformés sont au cœur de la vindicte d’Action on Sugar. Les graisses, notamment saturées, devront reculer de 15 % dans les produits alimentaires, établit l’organisation. Dans la même logique, il faudrait limiter au maximum la disponibilité de tout ce qui contient des graisses, du sucre ou du sel en excès. Pour cela, deux propositions sont présentées : une réduction de la taille des portions, et un taxe sur le sucre. « Si ces actions sont mises en place, le gouvernement britannique sera le premier pays à mettre un point d’arrêt à l’épidémie d’obésité en réduisant l’apport calorique de 100 kcal par jour », estime Action on Sugar.

 

Confier la nutrition à une agence indépendante

Ces étapes ne seront complètes que si les grandes lignes nutritionnelles sont définies par une agence indépendante. Action on Sugar recommande que le département de la Santé n’en soit pas chargé, comme c’était le cas avant 2010. C’était alors la Food Standards Agency, qui était parvenue à réduire de 15 % la consommation de sel dans le pays. « L’obésité peut être prévenue si l’environnement alimentaire est modifié, mais les politiques actuelles ne fonctionnent pas », signale le Pr Graham MacGregor, président d’Action on Sugar.
« Le Royaume-Uni a besoin d’une stratégie cohérente, qui commence par la mise en place de cibles de réduction du sucre dans les boissons sucrées, dès cet été. Aucun délai, aucune excuse. » Une action d’autant plus urgente que l’obésité infantile augmente fortement le risque de maladies cardiovasculaires précoces, d’AVC et de crise cardiaque, mais aussi de diabète de type 2.