On connaît la réticence des Français vis-à-vis de la vaccination. Mais ce que l’on sait moins, c’est si les inégalités sociales freinent l’accès à la vaccination des enfants. Et pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Institut national de veille sanitaire ont mené une enquête sur la couverture vaccinale pour le BCG et les vaccins pneumococciques conjugués. L’enquête a porté sur des enfants âgés de moins de 5 ans, vivant en région parisienne. Les résultats, qui viennent d’être publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, montrent des différences selon les vaccins.
Les familles défavorisées mieux couvertes pour la tuberculose
En effet, chez les familles aux revenus les plus modestes, les couvertures vaccinales pour le BCG étaient proches de 100%. Un chiffre plus élevé que chez les familles aux revenus plus importants, pour lesquelles la couverture vaccinale est de 76,2%.
En revanche, cette couverture est meilleure chez les enfants nés de familles aisées originaires d’un pays de forte endémie tuberculeuse (98,2 %). Ces résultats pourraient s’expliquer par « la perception, par les familles les plus aisées, d’un faible risque de tuberculose ne justifiant pas la réalisation du BCG, une opinion peut-être partagée par le médecin traitant », soulignent les auteurs dans le BEH.
En ce qui concerne le vaccin pneumococcique conjugué heptavalant (PCV7), là les rapports s’inversent. La couverture vaccinale « une dose » des enfants des familles les plus modestes est inférieure à celle des familles aux revenus les plus élevés (83,2 % contre 97,3 %). « Notre enquête a montré que, parmi tous les facteurs socio-économiques investigués, seul le revenu du ménage était associé à la couverture vaccinale, ceci pouvant suggérer que les ménages les plus pauvres n’accèdent pas à cette vaccination précisément par manque de moyens », peut-on lire dans le BEH.
En effet, alors que les vaccinations les plus anciennes ont un coût relativement faible, celui de vaccins plus récents comme le PCV7 est élevé (environ 60 euros la dose). Une vaccination prise en charge à 65 % par l’Assurance maladie, le reste à charge étant éventuellement couvert par une assurance complémentaire santé. Selon les auteurs de l’étude, « un faible niveau de revenus suggère l’existence d’obstacles financiers dans les familles les plus modestes, mais sans doute également des freins autres que purement financiers et davantage liés à l’adhésion ou à l’accès à la vaccination des populations défavorisées, qui devraient aussi être recherchés ».