La liste des méfaits pour la santé potentiellement provoquée par l’exposition au bisphénol A (BPA) ne cesse de s’allonger. Alors que cette substance contenue dans certains plastiques est déjà suspectée d’affecter le développement cérébral du foetus et des nouveau-nés ou de favoriser l’infertilité, une nouvelle étude pointe du doigt un autre danger. Ces travaux scientifiques, qui viennent d’être présentés lors du congrès international d’endocrinologie, révèle en effet que cette substance chimique aurait un impact sur le développement du cancer du sein. Plus inquiétant , le BPA pourrait réduire l’efficacité de certains traitements contre cette maladie.
Un stimulateur de croissance des cellules du cancer du sein
« Nous avons décidé de déterminer si l'exposition à des produits chimiques communs utilisés dans le quotidien tels que ceux contenus dans les plastiques, dans les pesticides ou les insecticides pouvaient influencer l'efficacité des traitements du cancer du sein, a déclaré le Pr Gayatri Devi de l’Université Duke, co-auteur de cette étude. Au final, précise-t-il, le bisphénol A est l’un des produits chimiques qui a le plus l’effet d’un stimulateur de croissance pour les cellules de cancer du sein ».
Ainsi, ces chercheurs ont observé que l’exposition au BPA, à des niveaux communément retrouvés dans le sang humain, a poussé les cellules de cancer du sein à se développer à un rythme supérieur à la fois qu’elles soient oestrogène-récepteur positif ou œstrogène récepteur négatif.
Le BPA réduit l’efficacité de certains anti-cancéreux
Par ailleurs, une autre découverte durant cette expérience a attiré l’attention de cette équipe. Ces scientifiques ont constaté que l’exposition au BPA, toujours à des niveaux observées dans le sang humain, réduit l'efficacité de certains médicaments anti-cancéreux approuvés par la FDA et utilisés dans le traitement du cancer du sein, comme le lapatinib.
« Ces études constituent la base pour des recherches supplémentaires qui permettront de développer des outils pour identifier les patients qui pourraient être les plus à risque de développer une résistance au traitement (Ndlr : anticancéreux), conclut le Pr Gayatri Devi. Ces résultats pourraient aussi conduire à des biomarqueurs permettant d'identifier les patients qui ont une forte exposition à ces composés chimiques diminuant potentiellement l'efficacité de leur traitement contre le cancer ».
Vers un label "anti BPA"
Pour rappel en France, le bisphénol A, également utilisé dans le revêtement des boîtes de conserve et d'objets en plastique, est déjà la cible d'une interdiction qui entrera en vigueur au 1er janvier 2015 en France. Depuis 2013, il est interdit dans la fabrication d'objets destinés aux enfants de moins de trois ans.
Par ailleurs le ministre de l’Ecologie,, a demandé fin avril au secteur de la distribution et aux banques d'éliminer également le bisphénol A dans les tickets de caisse et reçus de carte bancaire, sans attendre une loi. Afin d’encourager les entreprises à enlever cette substance avant même le 1er janvier 2015, Ségolène Royal a déclaré vouloir créer un label “anti-bisphénol”.