Trop souvent perçu comme « un adulte en miniature », bébé est mal nourri. C’est ce que signale le deuxième volet de l’étude Nutri-Bébé SFAE, tirée des données de 1 184 carnets alimentaires, révélée ce 27 juin. Dès 12 mois, les tout-petits souffrent d’un déséquilibre nutritionnel, avec des insuffisances d’un côté et de larges excès de l’autre.
Pas assez de fer et de lipides
Jusqu’à un an, l’alimentation des bébés se compose surtout de laits infantiles et d’aliments spécifiques, introduits dans le cadre de la diversification. De ce fait, ses besoins nutritionnels sont plutôt bien remplis. Mais passé cet âge, il est rapidement inclus à la table familiale et déséquilibres se créent rapidement. Ainsi, entre 12 et 17 mois, seul un enfant sur trois consomme l’ensemble des apports journaliers recommandés. Après 30 mois, ils ne sont plus que 8 %. Et pour cause : c’est à ces âges que les tout-petits commencent à manger plats préparés, frites, sodas… et abandonnent les aliments spécifiques.
A partir d’un an, 8 enfants sur 10 ont des apports en lipides insuffisants. La raison est très simple : leurs besoins sont 3 à 5 fois plus élevés que ceux de leurs parents, mais le repas est le même. Mais ce déficit peut avoir des effets importants sur le développement du système nerveux central, souligne le Dr Jean-Pierre Chouraqui, gastroentérologue, pédiatre et nutritionniste à l’hôpital Couple-Enfant de Grenoble (Isère). Le fer manque aussi : ¾ des bambins de 2 et 3 ans n’en consomment pas assez. « Le déficit en fer constaté peut-être responsable d’un moins bon développement psychomoteur notamment sur le plan cognitif, d’infections plus fréquentes et peut éventuellement être associé à un ralentissement de la croissance », déplore le Dr Jean-Pierre Chouraqui.
Trop de protéines et de sel
A 3 ans, le régime des enfants est en revanche trop riche en protéines. Il en fournit presque 4 fois plus que nécessaire. Là encore, la diversification est en cause : « Lors de la diversification alimentaire, plusieurs facteurs contribuent à augmenter les apports en protéines : les enfants qui commencent à consommer du lait de vache ont un apport protidique trop important », analyse le Dr Chouraqui. « Parallèlement, les enfants français consomment souvent beaucoup de laitages et fromages qui sont des aliments intéressants pour leurs apports calciques mais qui sont aussi riches en protéines. Enfin, la consommation assez importante de viande et surtout de charcuterie, comme le jambon, riche en sel et en protéines, vient encore renforcer cet excès. »
Même constat côté sel : 95 % des enfants de 1 an en consomment trop. Cette fois, les sels cachés sont responsables de cet excès : pizzas, tartes salées mais aussi fromages, pains et autre biscuits sont souvent salés. Et ces deux apports excessifs fatiguent prématurément les reins des tout-petits, rappelle le Dr Chouraqui.
Le lait de croissance permettrait d’optimiser les apports nutritionnels s’il était conservé jusqu’à 36 mois, à raison de 500 ml par jour – soit deux biberons quotidiens. Il permet de couvrir les besoins en fer, vitamines, acides gras essentiels… mais seuls 3 enfants sur 10 en boivent toujours entre 2 et 3 ans.