De nouvelles pistes dans le traitement d’Alzheimer. Une équipe de chercheurs tente d’éviter la formation de caillots sanguins dans le cerveau des malades. Ils développent actuellement un composé qui agit dans ce sens, rapporte une étude à paraître dans l’édition de juillet de Nature Reviews Drugs Discovery. Connu sous le nom de RU-505, il permettrait aux malades de récupérer un flux sanguin et une coagulation proches de la normale.
Eviter coagulation et plaques
Avec un apport sanguin réduit, les neurones fonctionnent moins bien. Dans la maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont longtemps soupçonné que les plaques formées par la protéine bêta amyloïde réduisaient le flux sanguin… et favorisaient la formation de caillot. Des soupçons confirmés par la recherche : la bêta amyloïde se lie à l’agent coagulant fibrinogène. Cela contribue à la perte de mémoire, la confusion et le déclin cognitif.
Un composé chimique est actuellement scruté au microscope : le RU-505. Il permettrait d’interférer avec la bêta amyloïde et éviterait la formation de plaques entre les neurones. Mais ce composé bloque aussi l’interaction entre la protéine et l’agent coagulant, comme l’explique Sidney Strickland, principal chercheur : « Nos expériences in vitro et sur la souris ont montré que le composé, connu comme le RU-505, aide à restaurer une coagulation et un flux sanguin cérébral normaux. Mais le plus gros gain est apparu lors des tests comportementaux sur les souris traitées, qui ont une meilleure mémoire que leurs pairs non traités. Ces résultats suggèrent que nous avons trouvé une nouvelle stratégie avec laquelle traiter Alzheimer », explique-t-il.
Toxique à haute dose
Les souris traitées souffraient moins d’inflammation chronique. Le flux sanguin dans le cerveau des animaux était aussi plus proche de la normale. Placés dans un labyrinthe, ces rongeurs avaient de meilleurs résultats que leurs pairs non traités : ils identifiaient plus rapidement la sortie et y parvenaient dans de meilleurs délais, même après un entraînement.
Le RU-505 n’est pas pour autant un produit miracle, souligne Sidney Strickland : « Même si le comportement et le cerveau des souris malades n’a pas totalement récupéré, le traitement de 3 mois avec le RU-505 prévient la plus grande part du déclin associé à la maladie. » Le composé est aussi très toxique à haute dose, et entraîne une inflammation du site d’injection, même à faible dose. L’adaptation pour un traitement humain est en cours. Mais deux défis se posent : rendre le RU-505 moins toxique, tout en s’assurant qu’il conserve son efficacité.