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Enfant mort-né, grossesse extra-utérine

Une 1ère césarienne complique les autres accouchements

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

Choisir la césarienne lors du premier accouchement augmente le risque de complications au second, notamment d’accoucher d’un enfant mort-né et de grossesse extra-utérine.

SAURA PASCAL/SIPA

Une femme enceinte sur cinq accouche par césarienne en France. Dans un cas sur trois, elles sont qualifiées de « césariennes de confort. » Pourtant une telle opération, n’est pas sans risque, affirme une étude parue ce 1e juillet dans PLOS Medicine. Lorsqu’une femme opte pour la césarienne lors de sa première grossesse, elle s’expose à un risque de complications pour les grossesses suivantes.

 

Un risque accru de 13 %

832 000 femmes primipares ont été suivies entre 1982 et 2010. Elles ont été séparées en deux groupes : celles qui ont accouché par voie basse, et celles qui ont accouché par césarienne. Elles étaient 13 % à être dans ce cas en 1982, et 23 % en 2010. L’étude a été poursuivie jusqu’à ce que les femmes fassent une fausse-couche ou une grossesse extra-utérine, donnent naissance à un second bébé, ou accouchent d’un enfant mort-né. Les chercheurs ont ensuite calculé le taux de complication pour la deuxième grossesse après une césarienne ou un accouchement par voie basse.

 

Les femmes qui ont accouché par voie haute lors de leur première grossesse s’exposent à un risque accru de 14 % d’accoucher d’un enfant mort-né (risque absolu de 0,03 %) par la suite. Le risque de grossesse extra-utérine est également légèrement plus élevé de 9 % (risque absolu de 0,1 %). Le risque reste toutefois très faible : sur 3 000 césariennes pratiquées, seule une aboutirait à la naissance d’un enfant mort-né. De multiples raisons expliquent ce léger sur-risque, comme l’explique le Pr Jacques Lansac, ancien président du Collège national des Gynécologues-obstétriciens Français (CNGOF).

 

Ecoutez le Pr Jacques Lansac, professeur de gynécologie-obstétrique au CHU de Tours : « L’utérus est un peu abîmé, les femmes césarisées ont plus de pathologies. Ce qui est nouveau, c’est qu’on retrouve aussi cela chez des femmes sans pathologies. »

 

Des risques immédiats pour la mère et l’enfant

Selon les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), émises début 2012, le recours à la césarienne ne doit absolument pas être systématique. Par exemple, un utérus cicatriciel, une grossesse gémellaire ou une présentation par le siège ne justifient pas forcément une intervention de ce type. Dans la plupart des cas, l’accouchement par voie basse est à privilégier.

 

Ecoutez le Pr Jacques Lansac : « La césarienne, ça n’est quand même pas la panacée ! La nature fait bien les choses, la voie basse a beaucoup d’avantages… »

 

Un accouchement par césarienne peut toutefois être « une intervention vitale » pour la mère et l’enfant, soulignent les auteurs de l’étude. Mais lorsqu’elle n’est pas justifiée médicalement, elle présente certains risques immédiats pour la femme enceinte et le fœtus. « Les pédiatres attirent notre attention sur le fait que beaucoup d’enfants vont en réanimation parce qu’ils ont des problèmes respiratoires. Quand on accouche par voie basse, cela appuie un peu sur le thorax de l’enfant, ce qui exprime le liquide dans les poumons comme on exprime une éponge », illustre le Pr Lansac. D’autres études ont suggéré le risque accru d’obésité pour l’enfant (+ 26 %) mais aussi d’allergie respiratoire. Quant à la mère, elle s’expose notamment à un risque de phlébite, de saignements lors des prochains accouchements, ou encore de lésions à des organes voisins. Dans tous les cas, insistent les auteurs de l’étude, le choix d’une césarienne dite « de confort » doit être mûrement réfléchi, en toute connaissance de cause. Dans ce sens, la HAS a émis un guide à destination des patientes.