Le scandale de l'amiante est une histoire ancienne. Mais la France continue à en tirer des enseignements. Le « comité de suivi amiante », créé en 2013 par la commission des affaires sociales du Sénat, a remis hier un rapport pour que la prévention des risques liés à ce matériau s'améliore encore. Comme le relève Libération, « la réglementation actuelle est globalement satisfaisante, en particulier son volet de protection des travailleurs considérablement renforcé par un décret du 4 mai 2012 », mais des « faiblesses » demeurent.
« Le maillon faible de la réglementation », c'est le repérage de l'amiante, notent les auteurs du rapport. Autre faille du système : des règles « complexes, instables ou insuffisamment mises en oeuvre en matière de santé publique ». Et il faut encore « renforcer la protection des travailleurs exposés à l’amiante ».
Pour améliorer le dispositif, le « comité de suivi amiante » formule donc plusieurs propositions : augmenter les effectifs des inspecteurs du travail pour mieux surveiller les travailleurs, abaisser le seuil d'amiante dans l'air qui déclenche des travaux de désamiantage, mais aussi mieux informer sur les risques. « Une plateforme internet unique » pourrait ainsi être créée afin de permettre à tous (particulier, parent d’élève, maître d’ouvrage, donneur d’ordre, entreprise de désamiantage...) d’accéder rapidement à des informations régulièrement mises à jour, ainsi que la création d’une base de données des « dossiers techniques amiante (DTA) », qui contiennent les résultats de recherche de la présence éventuelle d’amiante.
Alors que l'amiante est interdite en France depuis 1997, ces recommandations pourraient paraître dépassées. Et pourtant... Selon une enquête de l’Institut National de Recherche et de Sécurité publiée en octobre 2013, un plombier-chauffagiste sur trois est exposé à l’amiante. Et 41 % des travailleurs exposés n’ont pas détecté le risque. Les plombiers-chauffagistes interrogés avouent en majorité (56 %) qu’ils n’ont pas utilisé de protection contre l’amiante en cas de doute. Deux tiers des ouvriers exposés n’ont donc pas été protégés. Plus grave encore : un travailleur sur dix n’a pris aucune précaution après avoir identifié l'amiante. Enfin, d'après des prévisions de l'INVS et de l'Inserm, même si le taux de mortalité par mésothéliome aurait atteint un pic dans les années 2000, ce cancer de l'amiante devrait encore faire entre 18 et 25 milliers de décès d'ici 2050.