Révolution ou gadget coûteux ? L'utilisation de la robotique en chirurgie suscite des critiques de la part de certains praticiens. En ligne de mire : un coût trop élevé et peu d'avantages prouvés pour le patient. Mais ce type d’intervention est-il plus dangereux ? C'est en tout cas ce que semblent suggérer une étude américaine menée par des chercheurs de la San Diego School of Medicine (Université de Californie) publiée ce jeudi dans la revue scientifique JAMA Surgery.
Les robots multiplient par deux le risque d'erreur médicale
Pour parvenir à cette conclusion, l'équipe UC San Diego a analysé les indicateurs de sécurité des patients élaborées par l'Agence américaine pour la recherche en santé et qualité (AHRQ) sur les hôpitaux américains entre 2003 à 2009.
Résultat, ils ont découvert que le risque d'erreur médicale pour les patients avait été multiplié par deux lors de prostatectomies robotiques minimalement invasives (MIRPs). Un bilan inquiétant encore plus marqué en 2006, l'année où les hôpitaux américains ont adopté la poursuite de la chirurgie mini-invasive robotique dans le traitement du cancer de la prostate.
« Cette étude avait pour but de comprendre comment l'adoption rapide d'une nouvelle technologie chirurgicale robotique a pu conduire à davantage d'effets indésirables pour les patients », a déclaré Kellogg Parsons, chirurgien oncologue, et principal auteur de l'étude. « Il existe un réel besoin de mettre en place des programmes de formation normalisés, avec des règles régissant la compétence et l'accréditation du chirurgien qui utilise le robot. Comme cela se fait déjà dans l'industrie de l'aviation qui exige des équipages expérimentés pour les nouveaux types d'avions. »
Des chirurgiens inexpérimentés
Mais alors, qui incriminer dans cette affaire ? La machine ? Pas vraiment, car ces scientifiques pointent du doigt le manque d'expérience des chirurgiens utilisant cette technique. L'équipe de médecins indique en effet que « la prostatectomie robotique par des chirurgiens expérimentés s'est avérée très bénéfique pour les patients. Avec moins de perte de sang, moins d'infections, et la réduction des durées d'hospitalisation. »
De plus, avec le temps, les médecins semblent progresser dans l'utlisation des robots. « La tendance observée ici n'est pas nouvelle. Les mêmes phénomènes se sont produits avec le passage à des approches mini-invasives pour les opérations de la vésicule biliaire et les chirurgies des reins. Celles-ci sont maintenant bien documentées et la sécurité est aujourd'hui assurée pour ce type d'intervention », a écrit un autre chercheur ayant participé à l'étude.
« Chaque fois qu'une nouvelle technologie est adoptée, il ya une période temporaire où il peut y avoir un risque accru pour le patient. Cette étude encourage néanmoins l'adoption de normes d'accréditation plus rigoureuses pour les chirurgiens », concluent les auteurs.
Une étape importante au vu de la vitesse grand V à laquelle ce développe cette technologie. En 2003, on estimait que 617 prostatectomies robotiques minimalement invasives (MIRPs) avaient été réalisées aux États-Unis. En 2009, ce nombre est passé à 37 753.