Trop souvent, la santé publique et la politique ne font pas bon ménage. Elise en sait quelque chose. Cette mère de famille a quitté la région parisienne pour s’installer au cœur du vignoble bordelais, raconte Frédéric Mouchon dans Le Parisien. Finis les embouteillages, place à l’air sain de la campagne. Mais aujourd’hui, Elise « n’a plus le même regard sur les vignes qui entourent l’école de son enfant », écrit le journaliste. Des analyses effectuées sur des mèches de cheveux de sa fille ont permis d’identifier 21 résidus de pesticides.
Alors, Elise, comme 120 000 personnes, a signé la pétition lancée par Générations Futures pour réclamer la fin de l’épandage de pesticides à proximité des zones de vie. Il faut dire qu’en mai dernier, une vingtaine d’élèves et leur institutrice d’une école girondine avaient été pris de malaise après la diffusion d’un fongicide sur des vignes proches.
Mais le soutien apporté par le ministre de l’Ecologie aux revendications de l’association n’aura pas suffi à contenir la contre-attaque du milieu agricole et de son principal syndicat. En témoigne l’amendement adopté hier à l’Assemblée nationale. Il se limite à des recommandations d’installation de protections comme des haies, ou à l’instauration d’horaires spécifiques « permettant d’éviter la présence de personnes vulnérables lors du traitement ».
Dans la commune où réside Elise, note le quotidien, une charte vient d’être signée « pour favoriser la préservation du groupe scolaire des embruns de pesticides ». Le 23 juin dernier, le préfet de la Gironde a signé un arrêté préfectoral interdisant, dans certaines conditions et à certaines heures, l’épandage de produits à moins de 50 m des écoles.
Plus ou moins timides, les initiatives se multiplient pour protéger les populations habitant dans ces zones sensibles. Pour ne plus revoir cette image qui hante Elise et tous ceux qui se sont associés à la démarche de Générations Futures. Des enfants « en train de jouer sans protection sur le terrain de sport alors qu’à 10 mètres, dans les vignes, un salarié agricole effectuait un traitement sur son tracteur en portant des gants et un masque ».