Réparer l’homme par l’homme. Hier fantasme de la médecine, aujourd’hui, dans le monde, de nombreuses équipes multiplient les tentatives pour y parvenir. Et lorsque que leurs travaux aboutissent, cela tient du petit miracle. En témoigne la nouvelle technique chirurgicale que vient de présenter le Pr Carole Burillon et que rapporte aujourd’hui le Figaro. Ce chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon a réussi à fabriquer des tissus humains à partir de cellules et de milieux de culture pour traiter avec succès des patients souffrant d’atteintes graves de la cornée.
Victimes de brûlures à la soude ou à l’eau de javel ou souffrant d’ulcères douloureux, les 26 patients traités avaient une cornée très abimée. Schématiquement, explique Damien Mascret dans le quotidien, la surface de l’œil est formée d’une couche de cellules opaques qui arrêtent la lumière. Au centre de ce blanc de l’œil, une couche de cellules transparentes, c’est la cornée. Entre les deux, le limbe. Riches en cellules souches, capables de se renouveler en permanence, le limbe sert de frontière et empêche les cellules opaques d’envahir la cornée. Lorsque le limbe est détruit par accident ou à cause d’une maladie, précise le journaliste, la cornée s’obscurcit. Et pourtant, derrière, l’œil est sain.
La technique du Pr Burillon consiste à prélever des cellules dans la bouche des patients, de les mettre en culture et de les greffer dans la cornée malade. Grâce à cette autogreffe, 22 patients ont noté une nette amélioration de leur acuité visuelle. Y compris les six qui étaient pratiquement aveugles. C’était comme « un coup d’essuie-glace sur un pare-brise plein de boue », raconte une femme de 40 ans.
Pour les spécialistes, ces greffes autologues sont une source d’espoir. Interrogé par le quotidien, l’un d’eux résume : « on évite les rejets et on dispose d’un capital cellulaire à greffer conséquent ». Pour confirmer des premiers succès, l’équipe du Pr Burillon espère pouvoir lancer une étude à l’échelle européenne.