C’est le téléphone qui ne sonne plus, des amis qui disparaissent, ou encore, des enfants qui n’ont plus le temps de venir. En 2014, cinq millions de personnes, un Français sur huit, souffrent de la solitude. A la veille des départs en vacances, cette enquête de la Fondation de France (1) tire la sonnette d’alarme. « Une bombe à retardement », confie Francis Charhon, le directeur de cet organisme de mécénat, dans Le Parisien.
Relation familiale, professionnelle, amicale affinitaire ou de voisinage (2), ce délitement du lien social s’accélère : un million de Français de plus qu’en 2010 sont touchés. « De toutes les générations, observe Le Point, les plus de 75 ans ont subi de plein fouet cette montée de la solitude depuis quatre ans. » 27 % des personnes âgées sont seules contre 16 % en 2010. »
Ce phénomène est particulièrement flagrant dans les villes de plus de 100 000 habitants (33 %). Sans doute parce que le dernier réseau social, le voisinage, lui aussi, s’effrite. « L’an dernier encore, explique Francis Charhon, 58 % des personnes âgées discutaient au moins une fois par semaine avec la concierge, la boulangère ou la dame du premier. Ce chiffre est tombé à 48 % cette année ».
Mais cette gangrène sociale n’épargne pas les plus jeunes (18-29 ans) et les moins de 40 ans (7 % en 2014 contre 3 % en 2010) et les plus de 50 ans. Si la perte d’autonomie et la maladie sont des facteurs déterminants de la solitude chez les seniors, le chômage et la pauvreté coupent le lien social dans la population active. Près d’un Français sur trois ne dispose que d’un seul réseau. Insuffisant pour maintenir une vie sociale, estime la Fondation.
Et contrairement aux idées reçues, les réseaux virtuels ne compensent pas cette grande solitude. 80 % des personnes en situation d'isolement objective ne les fréquentent pas.
(1) Enquête réalisée par l'institut d'études TMO Régions pour l'Observatoire de la Fondation de France par téléphone en janvier, auprès de 4 007 personnes âgées de 18 ans et plus.
(2) Les cinq réseaux de sociabilité
