Nouveau rebondissement dans l'affaire du service d'oncologie pédiatrique de l'hôpital de Garches. Au lendemain de l'évacuation des parents grévistes de la chapelle de l'hôpital, les tensions sont au plus haut. L'avocat des familles a lancé aujourd'hui un recours devant la justice, au motif que ce transfert de service avait été négocié à l'oral et n'avait jamais fais l'objet d'une décision administrative écrite.
Pourquoi en est-on arrivé là?
Tout a commencé en avril quand l'Assistance Publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) rend publique sa décision de transférer le service d'oncologie pédiatrique de l'hôpital de Garches, dirigé par le docteur Nicole Delépine, à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne, sous les ordres du Docteur Chevallier. Une décision que les parents des enfants soignés dans ce service ont appris par la presse, et qu'ils contestent fortement.
Le Docteur Delépine pratique des méthodes non conformes aux protocoles standards pour soigner ses patients. Les enfants reçoivent des traitements plus individualisés, et surtout, elle s'oppose aux nouvelles méthodologies qui recommandent l'utilisation de molécules innovantes. Sa méthode principale, la chimiothérapie basée sur une molécule découverte dans les années 70, le méthotrexate. De plus, elle refuse de faire entrer les patients dans des essais cliniques en première intention. Une alternative thérapeuthique que les parents qui y ont recours approuvent. Mais pour l'AP-HP, il s'agit là de traitements inadaptés et trop vieux. Le service doit donc être transféré à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne, une fois le professeur Delépine à la retraite.
A partir du moment où l'AP-HP décide transférer le service, les événements se précipitent.
3 mai
Regroupés dans l’association Ametist, les parents ont porté plainte contre X pour « délaissement d’enfants » au Tribunal de grande instance de Nanterre. Le but de la plainte, empêcher la fermeture définitive de ce service.
26 Juin
Quatre parents entament une grève de la faim dans la chapelle de l'hôpital Raymond Poincarré de Garches, soutenus par les familles de d'autres patients. Ils veulent arrêter le transfert du service du Docteur Delépine, et pérénniser la structure d'accueil et les méthodes employées par cette dernière. Ils veulent ainsi le maintien de l'unité de Garches sur les bases d'un accord signé en 2004, année de son ouverture, qui validait les méthodes du Docteur. Le conflit avec l'AP-HP est donc ouvert.
27 juin
L'AP-HP organise une conférence de presse. Martin Hirsch, son directeur général, et le Pr Loïc Capron, président de la Commission médicale d'établissment montent au créneau et répondent point par point aux inquiétudes des familles. Pour calmer la colère des parents en grève de la faim, ils indiquent que le transfert du service est lié à des considérations médicales. et que « les patients traités dans les services de l’AP-HP pour des cancers doivent être pris en charge conformément aux recommandations de bonnes pratiques, et dans le cadre des autorisations délivrées par les autorités de santé.» Quant aux essais thérapeutiques pour de nouveaux traitements auxquels s'opposent le Dr Delépine, « ils répondent à des protocoles évalués et placés sous le contrôle d’un comité éthique et d’une supervision scientifique. L’inclusion des patients dans un essai clinique s’inscrit dans une démarche éthique qui repose sur l’information des patients et leur consentement éclairé à y participer, et celui des parents lorsqu’il s’agit d’enfants.»
30 juin
Le Directeur général de l’AP-HP missionne le médiateur du groupe hospitalier Hôpitaux universitaires Paris-Sud pour « renouer un contact aussi serein que possible avec les personnes qui occupent actuellement la chapelle de l’Hôpital Raymond-Poincaré, et leur apporter les explications susceptibles de les rassurer sur l’organisation à venir des soins proposés à leurs enfants, sur leur qualité et leur sécurité. »
4 et 5 Juillet
Les familles poursuivent leur grève de la faim. L'AP-HP a répondu en expliquant qu'elle avait tenté le dialogue avec les familles, et que le professeur Chevallier, responsable du service à Boulogne, s'était proposé de rencontrer les familles pour les rassurer. Il aurait proposé à l'équipe de Garches de rejoindre son service, et promis de ne pas imposer des méthodes aux parents, dont ceux-ci ne voudraient pas. Mais la grève de la faim des quatre parents retranchés dans la chapelle de l'hôpital continue. Le 5, l'AP-HP demande à la préfecture de police des Hauts de Seine d'intervenir.
Le 10 Juillet, le Tribunal de Grande Instance de Paris devra se prononcer sur le recours déposé aujourd'hui, afin de déterminer si le transfert du service à l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne est légalement valide. Une audience qui intervient huit jours avant le départ à la retraite prévu du docteur Nicole Delépine, alors que la tension est à son comble.