Avec plus d'un mois de délai d'attente en moyenne pour un rendez-vous d'IRM, la France est élue mauvaise élève de la classe en Europe. C'est l'une des conclusions de la dernière enquête réalisée par l'association Imagerie Santé Avenir (ISA) publiée il y a quelques jours. Et ce bilan est pire que les années précédentes. Cette année, l'Hexagone accuse en effet 7,2 jours d’attente en plus que l'année précédente, soit une moyenne nationale de 37,7 jours d'attente pour obtenir un rendez-vous, avec en plus des disparités régionales très importantes. pourquoidocteur détaille les régions où prendre rendez-vous pour un IRM rime avec parcours du combattant.
Jusqu'à 64 jours d'attente en Basse Normandie
Ici, l’étude menée pour ISA a mis en scène la situation d’un patient disposant d’une ordonnance dans un contexte urgent de suspicion de métastases. Or, cette année, aucune région à forte densité de mortalité par cancer ne passe sous la barre des 30 jours d’attente à part le Nord-Pas-de-Calais (26,3 jours). Certaines régions comme la Bretagne, l’Alsace, la Lorraine atteignent même plus de 50 jours, voir même 64 jours en Basse Normandie. « Les inégalités territoriales se creusent à l’inverse de la volonté politique constamment exprimée », soulignent les auteurs de ces travaux.
Délai moyen (jours) par région entre 2006-2014
(en vert : les 10 régions ayant la mortalité la plus élevée par cancer)
Source : Etude de Cemka-Eval conduite pour Imagerie Santé Avenir
Midi Pyrénées, Languedoc Roussillon, PACA en progrès
Résultat, des chiffres inquiétants et une évolution négative. En effet, même si récemment le délai moyen stagnait autour de 30 jours, certaines régions, dites dynamiques, montraient des résultats encourageants liés à une politique volontariste d’installation. « Cela n’est plus le cas dans cette dernière étude », précise ISA. Ainsi, seules trois régions voient leurs délais légèrement baisser de 1 à 2 jours environ : Midi Pyrénées, Languedoc Roussillon, PACA.
A contrario, certaines régions ont même vu leur situation se dégrader dans des proportions considérables. C'est le cas du Poitou-Charentes (qui a vu le délai moyen passer de 28,6 jours en 2013 à 50,6 jours en 2014) ou encore Rhône-Alpes (de 24,2 à 37,8 jours d’une année sur l’autre).
Taux d’obtention déplorable, trop peu de machines...
Ces délais d’attente ont plusieurs motifs. D’une part, le taux d’obtention moyen d’un rendez-vous est déplorable : à peine plus d’un patient sur deux parvient à en obtenir un. Dans la plupart des cas, c’est parce qu’il faut envoyer l’ordonnance par courrier ou fax. Parmi les autres motifs, la priorité laissée aux personnes hospitalisées et la nécessité pour le patient de se déplacer pour prendre rendez-vous. La Corse est à la traîne puisque pas un rendez-vous n’a pu être fixé pendant l’enquête. Là encore, PACA, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées font figure de bons élèves avec un taux supérieur à 70 %.
Dernière explication avancée par ces enquêteurs, la densité des machines d’IRM. Quand le Plan Cancer estime qu’il en faudrait 20 pour un million d’habitants, la moyenne s’établit à 10,7. En 2013, seuls 38 appareils supplémentaires ont été installés alors que 150 seraient nécessaires.
De plus, ces installations sont faites de manière inégale. Les régions de l’Ouest (Basse et Haute Normandie, Pays-de-la-Loire) n’ont consenti aucun effort dans ce domaine. Aquitaine, Ile-de-France et Languedoc-Roussillon ont quant à eux concentré la moitié des installations. La France reste ainsi largement en dessous du taux moyen d’Europe de l’Ouest. « Croatie et Slovénie sont même en passe de faire mieux », s’alarme ISA.