90% des adolescents ont déjà vu des images ou des films pornographiques, or ils n'ont pas le recul nécessaire pour faire la différence avec la «vraie» vie. Parler de sexualité de façon générale est bon moyen d'aborder ensuite la pornographie. Lorsqu'on est adulte, regarder des films occasionnellement permet de raviver les fantasmes et de stimuler le désir. En revanche, lorsque la vision des films comptent plus que le plaisir échangé avec son partenaire, cela peut conduire à l'addiction. Et dans ce cas, mieux vaut consulter.
Entretien avec le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue et spécialiste de la sexualité (1).
Dr Sylvain Mimoun : Si regarder un film devient systématique et que la personne en a besoin de manière permanente, cela veut dire qu’elle devient addict, accrochée à l’image. Et l’ennui de cette addiction, c’est que le besoin de surprises ou de nouveautés permanentes finit par beaucoup plus compter que le plaisir échangé avec son partenaire. A la différence d’un film regardé pour stimuler le désir et qui peut faire du bien aux deux partenaires. Là, le film devient l’essentiel de ce que la personne recherche et cela peut devenir problématique dans la mesure où elle ne réfléchit même plus à savoir si elle a envie ou non. Les hommes, en particulier, quand ils sont seuls et qu’ils commencent à être addict, vont rentrer dans cette spirale complètement négative. Et si cela commence réellement à poser problème alors il vaut mieux aller en parler à quelqu’un.
Si le partenaire s’en rend compte, quelle attitude doit-il adopter ?
Dr Sylvain Mimoun : Le partenaire doit comprendre que ce n’est pas dirigé contre lui. Mais dès que l’on pense : « il (ou elle) n’a plus envie de moi et c’est pour ça qu’il regarde des films », on va le prendre contre soi, ce qui crée des tensions et des conflits dans le couple. Mais si c’est un problème personnel et que la personne a besoin de ça en permanence, cela veut dire que c’est lié à son histoire, à ses propres angoisses. La vision des films en autarcie, de manière répétitive, enlève cette angoisse ressentie. Ensuite, la question est de savoir pourquoi cette personne est angoissée. Ce n’est pas toujours à cause du conjoint et heureusement d’ailleurs.
Entretien avec Sandrine Chauvard
(1) Auteur de plusieurs ouvrages, dont « côté cœur, côté sexe : l’ABC du bonheur à deux », co-écrit avec Rica Etienne et publié aux éditions Albin Michel.