Très efficace contre les formes sévères, un peu moins contre les formes modérées, le vaccin contre la dengue, développé par le laboratoire Sanofi, est prometteur. Selon une étude qui vient d’être publiée dans The Lancet, ce vaccin entraîne une réduction de 88% des formes hémorragiques et une diminution de 67% du risque d’hospitalisation. Et l’efficacité du vaccin est, au total, de 56%. « Nos résultats montrent que ce vaccin pourrait réduire de moitié les cas de dengue symptomatiques, et diminuer de façon importante les hospitalisations. Il peut avoir un impact significatif sur la santé publique, au regard du nombre de cas dans les pays endémiques », indique le Dr Maria Rosario Capedin, du Centre de recherche en médecine tropicale aux Philippines, l’une des auteurs de l’étude.
La dengue touche en effet près de 400 millions de personnes dans le monde, dont 100 millions souffrent de la forme symptomatique. Car dans 50 à 80% des cas, la maladie reste silencieuse. L’incidence de la dengue a été multipliée par 30, ces 50 dernières années. Et les territoires français ne sont pas épargnés. En 2010, les épidémies ont été à l’origine de 86 000 cas en Martinique et en Guadeloupe. Jusqu’à présent, aucun vaccin contre la dengue n’a été commercialisé et il n’existe aucun traitement. Il faut dire que la recherche est compliquée par le fait qu’il existe 4 sérotypes de virus.
Efficace même avec une seule dose
L’étude de phase III a été menée sur plus de 10 000 enfants de 2 à 14 ans, dans 5 pays d’Asie, où sont concentrés 70% des cas de dengue. Ils ont reçu trois injections, à la naissance, à 6 et 12 mois. Les chercheurs ont obtenu une protection de 35% contre le virus de type 2, de 50% contre le type 1, et de 75% contre les types 3 et 4. Et le suivi des enfants sur deux ans montre une bonne tolérance du vaccin. « Le résultat le plus intéressant est de voir que l’efficacité est quasiment aussi bonne avec une seule injection qu’avec les trois doses. Or 3 injections représentent un inconvénient et un coût financier pour des programmes de vaccination », souligne le Pr Annelies Wilder-Smith, du Lee Kong Chian School of Medicine de Singapour.
Une commercialisation en 2015
Les résultats d’une seconde étude sur plus de 20 000 personnes en Amérique du sud sont attendus pour fin 2014. Le laboratoire Sanofi entamera alors un processus de commercialisation.
Ecoutez le Dr Jacques Volckmann, responsable de la recherche et du développement chez Sanofi : «Nous espérons commercialiser notre produit fin 2015 et les pays à forte endémie seront les premiers à en bénéficier»
Ce vaccin permettra peut-être d’atteindre les objectifs fixés par l’Organisation mondiale de la santé, c’est à dire de réduire la mortalité de 50% et la morbidité de 25% d’ici 2020.