C’est la première étude épidémiologique de grande ampleur sur l’état de santé des femmes ayant porté des implants mammaires PIP. Conduite par une équipe de chercheurs de l’INSERM, dirigée par Florent de Vathaire, cette étude, réalisée à la demande à la demande de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) s’intéressera donc sur dix ans à une cohorte nationale, surnommée LUCIE, incluant 100 000 femmes implantées, dont 30 000 portant ou ayant porté des prothèses PIP.
En 2013, 340 600 femmes étaient porteuses d’implants mammaires, 80 % d’entre elles à la suite d'une chirurgie esthétique et 20 % pour une reconstruction après un cancer du sein.
Depuis 2001, et particulièrement après la liquidation de l’entreprise PIP en 2010 suite à une décision des autorités sanitaires, plus de 17 000 femmes se sont fait explanter leurs prothèses. Un quart étaient défectueuses, soit parce qu’elles étaient rompues, soit parce que le gel siliconé suintait à travers la paroi. Un constat inquiétant pour les médecins. Mais comme les conséquences sanitaires sont encore peu connues, une étude sur le long terme est aujourd’hui plus que nécessaire pour améliorer la prise en charge médicale de ces femmes.
A la recherche de LUCIE
Un site a été mis en place pour monter la cohorte LUCIE et inciter les porteuses d’implants mammaires à participer. En outre, les chercheurs de l’INSERM se verront transférer les fichiers médicaux de cliniques ayant implanté ou explanté des prothèses mammaires de n’importe quel fabriquant depuis 2001. Les participantes devront, elles, remplir tous les deux à cinq ans un questionnaire sur leur état de santé, leurs habitudes et leur hygiène de vie, afin de déterminer leurs facteurs de risques pour le développement de certaines maladies, et le rôle joué par le port de prothèses mammaires PIP par rapport à des implants de d’autres fabricants.
Ecoutez le chercheur Florent de Vathaire, responsable de l'étude: "On s'intéresse au mode d'implantation, et aux interactions avec d'autres traitements, notamment pour les femmes qui ont eu un cancer du sein".
Dans le cas d’une reconstruction après un cancer du sein notamment, le type de traitement contre le cancer et ses effets secondaires devront être pris en compte lors de l’analyse de l’état de santé des femmes.
60 cas de lymphomes dans le monde
En effectuant un suivi sur au moins dix ans, les chercheurs espèrent comprendre si le port de prothèses défectueuses a eu des implications sanitaires sur le long terme pour ces femmes. Les risques de cancers du sein et d’inflammations seront notamment analysés.
Ecoutez le chercheur Florent de Vathaire, responsable de l'étude: « Les risques concernent le cancer, mais pour le moment, il n'y a pas d'alerte. Les cas de lymphomes sont très rares ».
Autre inquiétude des chercheurs, le lien qui semble se dessiner entre le port d’implants et le développement d'une forme rarissime de cancer, les lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC). Cette maladie, qui touche le système lymphatique, n’a concerné que 60 femmes entre 1987 et 2000 dans le monde, dont 34 localisés dans le sein. Les études soulignent que la fréquence observée des lymphomes chez femmes porteuses d’implants mammaires est plus élevée que celle de la population générale. Et, selon Florent Vathaire, les risques d'en être atteint sont bien « nettement plus élevés ches les femmes qui portent des prothèses ».
Des données que les chercheurs responsables de LUCIE vont particulièrement prendre en compte.