L'histoire de cette fillette de 4 ans fascine tout le monde. Malades du sida, médecins mais aussi le grand public se passionnent pour l'histoire de celle que l'on surnomme parfois "la fillette du Mississippi", faute de connaître son prénom.
Sa naissance remonte à l'automne 2010. Sa mère arrive dans un hôpital du Mississippi et accouche prématurément. N'ayant pas vu un médecin au cours de la grossesse, la femme ignore qu'elle est séropositive. Le Dr Hannah B. Gay, professeur en pédiatrie, réalise alors deux prises de sang à une heure d'intervalle pour tester la présence du virus chez l'enfant. Les analyses révèleront un taux de virus à environ 20.000 copies par millilitre, un taux assez bas pour un bébé. Mais, les médecins n'attendent pas les résultats pour agir. 30 heures après la naissance, l'enfant est traité par antirétroviraux. Les résultats ne se font pas attendre : les niveaux de virus diminuent très rapidement dans la sang du bébé. A un mois, le virus est même qualifié d'indétectable. L'enfant sera suivi jusqu'à ses 18 mois. Toujours pas de trace du VIH quand la mère et l'enfant disparaissent dans la nature.
Cinq mois plus tard, la mère reprend contact avec les médecins. La fillette du Mississippi a alors presque 2 ans. Le Dr Gay s'attend à voir une charge virale élevée chez le bébé. Or, tous les nouveaux tests effectués sur l'enfant se révèlent négatifs. Soupçonnant une erreur de laboratoire, elle ordonne d'autres tests. « A ma grande surprise, l'ensemble de ces tests furent encore négatifs », déclare à l'époque le Dr Hannah B. Gay.
En octobre 2013, la fillette du Mississippi a 3 ans et sa charge virale reste toujours indétectable. « Ce cas de guérison fonctionnelle d'un nouveau-né n'était donc pas le fruit du hasard », déclarent alors les chercheurs américains du Centre des enfants Johns Hopkins de Baltimore qui s'occupent toujours de la jeune patiente. Le cas suscite tellement d'espoir et d'interrogation au sein de la communauté médicale qu'il fait l'objet d'une publication dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine. Les chercheurs refusent malgré tout de parler de guérison, préférant employer le terme de rémission. Concrètement, la quantité de virus dans l'organisme était alors tellement faible que le système immunitaire de la fillette parvenait à le contrôler.
En mars 2013, le Pr Stéphane Blanche, pédiatre à l'hôpital Necker de Paris et spécialiste du sida, confiait à pourquoidocteur : « Il faut être très prudent. C'est avec le temps que l'on pourra avoir des certitudes. »
Le 11 juillet 2014, le verdict est malheureusement tombé, alors que la fillette du Mississippi n'a pas encore 4 ans. Des tests sanguins au début du mois de juillet 2014 ont révélé que la fillette avait à nouveau des niveaux détectables du VIH dans le sang, associés à une quantité moindre de lymphocytes et à la présence d'anticorps qui prouvent que le VIH a fait sa réapparition.
" Ce rebondissement constitue bien évidemment une déception pour l'enfant, les médecins qui la suivent et les chercheurs spécialisés dans le VIH/Sida", a déclaré Anthony Faucy, directeur de l'Institut national américain de l'allergie et des maladies infectieuses. Aujourd'hui, la fillette du Mississipi est de nouveau traitée grâce à des antirétroviraux et elle se porte bien. Elle reste un cas exceptionnel que les chercheurs de la planète vont continuer à étudier.