Les chiffres ne sont pas comparables entre les départements d’outre-mer mais l’inquiétude grimpe tout de même en métropole. Le dernier bilan de l’Institut de veille sanitaire (InVS) révèle qu’entre le 1er mai et le 11 juillet, 427 cas suspects de dengue ou de chikungunya ont été signalés. Et parmi eux, 51 cas importés de dengue et 148 cas importés de chikungunya ont été confirmés. Quatre cas de personnes co-infectées par les deux virus sont également recensés.
Le moustique tigre est en métropole depuis 10 ans
A l’heure actuelle, le moustique Aedes albopictus, appelé aussi moustique tigre, qui est le le vecteur du virus du chikungunya et de la dengue, est présent dans 18 départements métropolitains. Il progresse doucement et sûrement dans l’hexogone. Arrivé en Italie dans les années 90, il a tout d’abord fait son apparition dans les Alpes-Maritimes en 2004. Puis, il s’est implanté dans plusieurs départements du Sud-Est de la France et de la Corse, puis du Sud et de l’Aquitaine. Le département le plus au Nord est le Rhône.
Pour le moment, aucune épidémie n’est constatée mais la menace de foyers épidémiques de chikungunya est bien réelle. Comme le confiait le Pr Antoine Flahaut, professeur de santé publique, à pourquoidocteur, « dans le sud de la France, il serait tout à fait possible qu'en plein été il puisse y avoir un foyer épidémique de chikungunya qui se déclare un jour. Ce n'est pas quelques chose d'impossible. Car en métropole, le moustique est présent, voir très très présent comme dans la région PACA ou en Corse. Il est même en train de remonter, et on en aura très certainement à Paris bientôt. Pendant la période de vacances où les gens sont beaucoup dehors il peut donc y avoir une épidémie. Ce facteur, plus le fait que beaucoup de voyageurs reviennent infectés des Antilles, accroît la menace d'une épidémie en métropole. »
Déclarer dès la moindre suspicion
C’est la raison pour laquelle « le plan antidissémination du chikungunya et de la dengue en métropole prévoit de renforcer la surveillance entomologique et épidémiologique notamment dans la zone d'implantation d’ Aedes albopictus », indique l’InVS. Le but de l’opération est de prévenir et d’évaluer les risques de dissémination de ces deux virus. La surveillance épidémiologique repose en France métropolitaine sur la déclaration obligatoire (DO) des cas confirmés biologiquement. Dans les départements où le moustique tigre est déjà implanté, les consignes sont encore plus strictes : tout cas suspect doit être signalé, sans attendre la confirmation biologique.