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Rapport Onusida

Sida : la moitié des séropositifs ignorent qu'ils le sont

Par Cécile Coumau

L'Onusida vise le contrôle de l'épidémie pour 2030. Un objectif atteignable à condition que les tests de dépistage du VIH se développent dans les pays pauvres comme dans les pays riches.

PATRICE MAGNIEN/20 MINUTES/SIPA
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L’Afrique subsaharienne n’est malheureusement pas détrônée. Cette partie du globe concentre à elle seule 70,8% des cas de sida, révèle le dernier rapport de l’Onusida. La situation s’y améliore tout de même puisque depuis 2005, les nouvelles infections y ont baissé de 33%.


Qu’en est-il dans les pays développés ? D’après les estimations de l’Onusida, 2,3 millions de personnes vivent avec le VIH aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest et du centre. Les Etats-Unis concentrent à eux seuls 56% des cas, mais la France arrive juste derrière avec 8% des cas.

Au-delà des chiffres, ce que relève l’Onusida, c’est qu’en Europe, beaucoup de personnes à risque ne font pas de test de dépistage du VIH. Une étude menée en France et publiée en 2010 a estimé à 29 000 le nombre de personnes vivant avec le virus et ne le sachant pas. Par ailleurs, d’autres travaux ont montré que beaucoup de diagnostics de sida étaient posés tardivement. Pour l’organisation onusienne, « ce problème de diagnostic tardif reflète clairement un manque d’accès et de recours aux centres de dépistage et de counseling dans bien des pays ». Un problème qui se paie cher : un diagnostic tardif signifie que la personne contaminée a 11 fois plus de risque de décéder dans l’année où elle a pratiqué le test que si le dépistage avait eu lieu après l’exposition au virus. En Angleterre et en Ecosse par exemple, 81% des 2000 morts de la dernière décennie sont dus aux insuffisances de dépistage.

Ce manque de tests de dépistage n'est évidemment pas une spécialité des pays développés. Plus de la moitié des 35 millions de personnes vivant avec le VIH (19 millions) ignorent qu'ils sont infectés par le virus. « Il faut changer complètement notre approche, normaliser le dépistage », a déclaré Michel Sibidé, directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Autre défaut pointé du doigt par l’Onusida dans les pays développés : bien que les traitements antirétroviraux soient devenus très abordables, l’accès à des services VIH et à des programmes centrés sur les comportements à risque reste « un défi à relever ». Or, en 2011, en France et en Allemagne par exemple, plus de la moitié des homosexuels déclaraient avoir eu des rapports non protégés.

Enfin, en Europe, la situation est particulièrement critique en Russie. Quelque 70 000 à 80 000 nouvelles infections sont enregistrées chaque année. « Si la Russie ne change pas la façon dont elle fait face à l’épidémie de sida, ils vont devoir affronter une situation beaucoup plus grave dans un futur proche », a prévenu le directeur exécutif adjoint d’Onusida.