Maladies cardiovasculaires, du foie ou liées au VIH tuent moins. Depuis 12 ans, les séropositifs vivent plus longtemps, souligne une étude parue ce 17 juillet dans The Lancet. Une équipe du University College de Londres (Royaume-Uni) a suivi la santé d’environ 50 000 personnes infectées par le VIH qui vivent en Europe, aux Etats-Unis ou en Australie, et concluent à une tendance encourageante.
L’immunodéficience reste un problème
La mortalité globale des séropositifs a été divisée par deux depuis 1999. Ce sont les décès liés au VIH ou une maladie cardiovasculaire qui décrochent le plus, avec une chute de 65 %. Les maladies du foie, elles, diminuent aussi de moitié. En revanche, les cancers non liés au VIH ne reculent pas et représentent désormais un décès sur quatre dans la population des séropositifs.
« Cette récente baisse des taux de décès liés au VIH est liée à une amélioration continue de la mesure des (lymphocytes) CD4, et prouve encore une fois les bénéfices substantiels qu’apportent les traitements antirétroviraux », commente le Dr Colette Smith, principal auteur de cette étude. « Mais en dépit de ces résultats positifs, les maladies liées au VIH restent la principale cause de décès au sein de cette population. Des efforts continus, pour assurer la bonne adhérence au traitement et diagnostiquer plus d’individus à un stade précoce - avant le développement d’une immunodéficience sévère -, sont importants pour confirmer que ce faible taux de mortalité lié au sida est durable et peut encore reculer. »
Des antirétroviraux à vie
Entre 1999 et 2011, 3 909 décès sont survenus, principalement dus à une maladie liée au VIH (29 %). Parmi les causes non associées au virus, les cancers figurent en tête, suivis par les maladies hépatiques et cardiovasculaires. Mais si la majorité de ces causes de mortalité recule, ce n’est pas uniquement grâce à une meilleure prise en charge des conséquences d’une infection par le VIH. Les facteurs de risque traditionnels (tabagisme, alcool, hépatite) sont aussi mieux gérés. Les antirétroviraux, devenus moins toxiques, sont aussi administrés plus tôt. Cela permet aux malades de conserver leurs défenses immunitaires, donc de mieux se défendre contre les maladies opportunistes.
Il ne faut toutefois pas se reposer sur ses lauriers, alertent deux chercheurs dans un commentaire associé à l’étude. Il reste fort à faire pour améliorer l’accès aux traitements et la qualité de la prise en charge dans le monde. « De nombreux patients n’ont pas accès aux antirétroviraux, et des problèmes persistent même sous traitement, comme le risque plus élevé de cancers non liés au VIH », écrivent Steven Deeks et Peter Hunt. « Il faut insister sur le fait que nous ne sommes qu’aux débuts de l’ère des antirétroviraux. En l’absence de remède permanent, la plupart des patients resteront sous traitement pendant des décennies. Une surveillance continue des conséquences inattendues de celui-ci sera donc toujours nécessaire. »