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Contre les AVC et les infarctus

Traitement du cholestérol : la vitamine B3 plus risquée que bénéfique

Par Audrey Vaugrente

La vitamine B3, ou niacine, est souvent utilisée chez des patients ayant trop de cholestérol. Censé prévenir les AVC ou crises cardiaques, elle est en fait inefficace.

SIMON ISABELLE/SIPA
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Un « traitement inacceptable » pour les patients à risque d’événement cardiovasculaire. La niacine, ou vitamine B3, est depuis longtemps utilisée en prévention des AVC et infarctus du myocarde chez des parents avec de hauts taux de cholestérol. A tort, si l’on en croit une étude et un éditorial parus ce 17 juillet dans le prestigieux New England Journal of Medicine : un tel traitement comporterait plus de risques que de bénéfices.

 

9 % de risque de décès en plus

Voilà 50 ans qu’on utilise la niacine ou le laropiprant (qui contient de la niacine) chez des patients à risque cardiovasculaire. Mais les études en défaveur d’une telle option thérapeutique s’accumulent. La dernière en date suscite la réaction enflammée du Dr Donald Lloyd-Jones, détenteur d’une chaire en médecine préventive à l’école de médecine Feinberg de la Northwestern University. « Il y a un décès supplémentaire pour 200 personnes qu’on place sous niacine. Au vu de tels signaux, c’est un traitement inacceptable pour l’immense majorité des patients », martèle le Dr Donald Lloyd-Jones. « Pour la réduction du risque de maladie cardiaque ou d’AVC, les statines restent la stratégie la plus importante, et de loin, grâce à leurs bienfaits démontrés et leur sécurité. »

 

A l’origine de cet éditorial, une étude menée auprès de plus de 25 600 personnes sous statines et à risque cardiovasculaire. Certains ont pris de la niacine ou du laropiprant, d’autres un placebo. Non seulement la vitamine B3 ne réduit pas le risque de crise cardiaque ou d’AVC, mais en plus elle augmente de 9 % le risque de décès. Sans compter les nombreux effets secondaires mis en évidence : problèmes de foie, infections, saignements importante, goutte, glycémie irrégulière chez des diabétiques, et même survenue d’un diabète chez des patients en bonne santé au début de l’étude.

 

Aucun effet sur le risque cardiovasculaire

Sur le papier, la niacine semble pourtant providentielle : elle augmente le « bon » cholestérol (HDL) et réduit légèrement le « mauvais » (LDL) ainsi que les triglycérides. Mais aucun essai clinique n’est parvenu à démontrer un effet préventif de la vitamine B3. Cette dernière étude démontre qu’en réalité, c’est un taux élevé de HDL qui est protecteur. L’augmenter artificiellement par des médicaments n’a pas d’effet. « Les récents essais cliniques sur la niacine prouvent de nouveau qu’augmenter les taux de « bon » cholestérol en plus d’un traitement aux statines n’offre pas les résultats positifs que nous espérions. Réduire le « mauvais » cholestérol avec une intensité optimale des statines tolérées, en plus de changements pour un mode de vie sain, reste l’approche la plus efficace pour prévenir un AVC ou une crise cardiaque chez des patients à risque », conclut le Dr Neil Stone, qui a mené l’étude.

 

Dans ces conditions, la prescription de niacine devrait être réservée à des patients à très haut risque d’AVC ou de crise cardiaque, qu’on ne peut pas placer sous statines et pour qui aucune autre option thérapeutique n’est possible, estime le Dr Donald Lloyd-Jones.