La 20e conférence Internationale sur le Sida s'est ouverte aujourd'hui à Melbourne, en Australie. Ces quinze dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés afin d'endiguer l'épidémie, avec une réduction par deux de la mortalité. Mais des progrès restent à faire, car aujourd'hui dans le monde, 35 millions de personnes sont encore porteuses du virus, et plus de la moitié d'entre elles ne le savent pas. La conférence va donc se concentrer sur les moyens d'atteindre ces populations, souvent les plus à risques et aussi souvent les plus discriminées.
Plus de dépistages
Eviter les diagnositics trop tardifs et inciter au dépistage, deux éléments cruciaux dans la lutte contre l'épidémie. En Europe, par exemple, beaucoup de personnes à risque ne font pas de test de dépistage du VIH. Plusieurs études ont montré que beaucoup de diagnostics de sida étaient posés tardivement. Pour ONUSIDA, l'organisation des Nations-Unies, « ce problème de diagnostic tardif reflète clairement un manque d’accès et de recours aux centres de dépistage et de counseling dans bien des pays ». Un problème qui se paie cher : un diagnostic tardif signifie que la personne contaminée a 11 fois plus de risque de décéder dans l’année où elle a pratiqué le test que si le dépistage avait eu lieu après l’exposition au virus.
Ce manque de tests de dépistage n'est évidemment pas une spécialité des pays développés, et les efforts doivent aujourd'hui se concentrer sur le droit des personnes, afin de rendre l'accès au dépistage et aux traitements plus facile pour toutes les populations, même les plus vulnérables.
Pour le droit des personnes
La Déclaration de Melbourne détaille l'objectif principal de la conférence : remettre le droit des personnes au coeur de toutes les actions contre le sida. Elle insiste ainsi sur deux mesures clés: la décriminalisation de certaines pratiques, et la restriction des financements pour les organisations aux pratiques discriminatoires, l'idée étant que plus personne ne soit laissé hors de la lutte contre le SIDA.
Ainsi, les intervenants de la conférence rappellent que parmi les populations les plus fragiles, on retrouve notamment les travailleurs du sexe, les homosexuels, et les toxicomanes. Ces personnes sont souvent mises à l'écart du processus de dépistage, de sensibilisation et de soin, car les lois des états sont bien souvent trop répressives à leur égard. La Déclaration de Melbourne veut donc ré-affirmer leurs droits et encourager les états à assouplir leurs règlementations.
Une question d'argent
Ce processus s'appuie aussi sur l'arrêt des financements, issus du programme de soutien financier contre le sida, à des organisations qui prônent l'intolérance à l'égard de ces populations. De plus, les professionnels de la santé devraient ne recevoir des financements dans ce cadre que si ils démontrent qu'ils pratiquent des politiques de non-discrimination.
Alors, rendre le dépistage et l'accès au traitement, oui, mais il faut aussi passer par le changement des mentalités et l'instauration de droits plus inclusifs, pour remettre les personnes les plus vulnérables au coeur de la lutte contre le sida.