La fillette du Mississippi en rémission du sida plusieurs années, grâce à un traitement aux antirétroviraux 30 heures après sa naissance, avait suscité beaucoup d’espoir au sein de la communauté médicale. Ce cas avait en effet suggéré qu’un traitement à base d’antirétroviraux initié très tôt pouvait empêcher la formation de réservoirs viraux, ces cachettes du VIH qui lui permettent de rester inaccessibles aux traitements. Des espoirs déçus puisque de récents tests sanguins au début du mois de juillet 2014 ont révélé que la fillette avait à nouveau des niveaux détectables du VIH dans le sang. Et une fois encore, ce sont ces réservoirs à virus qui semblent avoir constitué l'obstacle majeur à l'élimination définitive du VIH chez cette patiente. C'est dans ce contexte qu'une étude publiée dimanche dans la revue scientifique Nature révèle que ces réservoirs du virus s'installent très rapidement dans le corps.
Les réservoirs se forment en moins de 3 jours
En effet, une équipe composée de chercheurs de la Harvard Medical School (Boston) a pu déduire que l'établissement de ces réservoirs à virus chez des macaques rhésus intervenait moins de trois jours après l'inoculation de l'équivalent du VIH pour les singes, le VIS, alors que ce virus était encore indétectable dans leur sang. Pour parvenir à cette conclusion, 20 singes, à qui le virus avait été inoculé, ont été mis sous traitement antirétroviral 3 jours, 7 jours, 10 jours ou encore 14 jours après l'introduction du virus. Résultat, ceux traités trois jours seulement après l'infection n'ont pas développé la réaction immunitaire propre à l'infection.
Mais la conclusion la plus intéressante reste que chez tous ces singes, la suppression du traitement au bout de 24 semaines a été suivie par une reprise de l'infection virale. Dans le cas des singes traités très tôt, la réapparition du virus a pris plus de temps, mais s'est systématiquement manifestée, précisent ces scientifiques. Selon eux, cette étude vient corroborer les récents développements du cas du « bébé du Mississippi ».
Une autre étude a conduit à des résultats similaires
Toutefois, cette équipe rappelle qu'il existe « des différences importantes entre les singes infectés par le VIS et les humains infectés par le VIH ». Mais pour Dan Barouch, l'un des principaux auteurs de l'étude, « les résultats cliniques malheureux de rebond viral chez le bébé du Mississippi semblent être concordants avec les données de ces singes et constituent un défi important pour les efforts d'éradication du VIH ».
En conclusion, ce chercheur souligne qu'une autre étude, également menée à Harvard, a tenté de prédire l'efficacité des nouveaux traitements contre les réservoirs à virus. Celle-ci montre également que la durée avant le rebond viral est « très variable et peut intervenir des années après une rémission », conclut-il. Les résultats de ces travaux similaires ont, pour leur part, été publiés dans la revue scientifique américaine PNAS (1).
(1) Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America