Red Bull, Monster, Dark Dog sont la bête noire des acteurs de santé publique. Souvent mélangées à l’alcool, ces boissons énergisantes présentent de nombreux dangers… et accentueraient le phénomène de binge drinking. C’est le résultat inquiétant que livre une étude à paraître dans l’édition en ligne d’août de la revue Alcoholism: Clinical & Experimental Research.
Une pulsion plus forte
Les chercheurs ont sélectionné 75 Australiens âgés de 18 à 30 ans. Dans le cadre d’une expérience, ces participants ont consommé, sans le savoir, deux cocktails différents selon leur groupe. Les premiers ont reçu un cocktail mêlant 60 ml de vodka-Red Bull et 200 ml de jus de fruit, les seconds un cocktail contenant 60 ml de vodka-eau pétillante et 200 ml de jus de fruit.
Avant et 20 minutes après l’ingestion d’alcool, ils ont subi une batterie de tests évaluant leur envie de boire, leur réaction à l’alcool et aux drogues ainsi qu’un éthylotest. Sans surprise, ceux qui ont bu le mélange alcool-boisson énergisante (BDE) manifestaient plus de désir de continuer à boire.
« Cela signifie que quelqu’un qui mélange de l’alcool à une boisson dite énergisante voudrait plus continuer à boire que ses amis qui ne le font pas, illustre Rebecca McKetin, qui a mené l’étude à l’université nationale australienne. Mais on ne peut pas dire que cela se traduit par une alcoolisation supplémentaire. Il est évident que d’autres facteurs entrent en jeu : les gens peuvent surmonter leurs envies, et la décision de continuer à boire ou non dépend de nombreux éléments », relativise-t-elle. « En revanche, si cela se traduit par une consommation accrue d’alcool, on peut s’attendre à ce que les gens qui mélangent alcool et BDE boivent plus que les autres. »
Interdit aux mineurs en Lituanie
Plusieurs études ont déjà associé le mélange de l’alcool aux boissons dites énergisantes à une augmentation des comportements à risque. Peu importe ce qui est à l’origine de ce désir impérieux de boire toujours plus, estime Peter Miller, psychologue qui a participé à l’étude. Ce sont les conséquences d’un tel comportement qui doivent primer : « A mesure que quelqu’un s’intoxique, même à de faibles niveaux, il devient désinhibé, alerte-t-il. Et bien sûr, plus vous êtes ivre, plus vous risquez de vous blesser, d’être victime ou auteur d’une agression, de conduire ivre, de mal choisir qui vous accompagnez ou d’adopter un comportement sexuel à risque. »
Les mélanges alcool-boissons énergisantes sont de plus en plus populaires parmi les jeunes. Les gouvernements, mais aussi les lieux servant de l’alcool à ce public, doivent en tenir compte et prendre les devants, estiment les deux chercheurs.
Le psychologue souligne l’initiative pionnière de la Lituanie, qui a récemment interdit la vente de boissons énergisantes aux mineurs. Rebecca McKetin le confirme : « La principale implication de ces résultats est en termes de politique de vente de cocktails alcool-BDE dans les bars et boîtes de nuit où l’on consomme de l’alcool, et la vente de mélanges alcool-BDE de manière générale. »