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Essai Ipergay

Sida : les bons résultats des antirétroviraux en prévention

Par Audrey Vaugrente

Les antirétroviraux sont au cœur de la Conférence internationale sur le Sida. Les résultats positifs de l’étude française Ipergay poussent en faveur d’un usage avant un risque d'exposition au VIH.

Jeff Chiu/AP/SIPA

Des antirétroviraux pour éviter une transmission du VIH, ça marche. Les premiers résultats de l’étude Ipergay, qui évalue l’efficacité d’une telle stratégie préventive (PrEP), ont été présentés ce 22 juillet à la Conférence internationale sur le Sida, qui se tient à Melbourne (Australie). Selon l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), qui mène l’étude, ils sont encourageants.

 

La PrEP, c’est quoi ?

La prophylaxie pré-exposition, ou PrEP, a pour objectif de prévenir une infection par le VIH. Les patients concernés prennent des antirétroviraux avant un rapport sexuel à risque. La PrEP évaluée dans le cadre de l’essai Ipergay (« à la demande ») se compose de 3 volets : une prise de Truvada avant le rapport (2 à 24 heures), une 24 heures après, puis 48 heures après. En complément de ce traitement, les participants reçoivent des conseils personnalisés, des préservatifs et gels, effectuent des dépistages réguliers et se font traiter pour les autres infections sexuellement transmissibles (IST). 

« Les avantages potentiels de la PrEP sont une meilleure observance, et donc une meilleure efficacité de la stratégie, moins d’effets indésirables et un coût réduit », commente le Pr Jean-Michel Molina, chef du service d’infectiologie de l’hôpital Saint-Louis (Paris), contacté par pourquoidocteur. Il mène également l’essai Ipergay pour l’ANRS.

 

Quels bénéfices ?

La PrEP existe depuis quelques années, mais son efficacité restait à démontrer. Lancé en janvier 2012, l’essai Ipergay évalue l’impact de la PrEP « à la demande » face à un placebo. « Nous avons montré que l’observance à cette stratégie par les participants de l’essai est pour l’instant très bonne, meilleure que dans les essais de la PrEP continue, ce qui est encourageant », souligne le Pr Molina. En effet, la moitié des participants ont utilisé la PrEP comme convenu avec l’équipe, et 3 % l’ont adoptée de manière continue. 28 % se sont également prêtés au jeu, mais de manière incorrecte.

 

Dans le cadre de l’étude, les participants se soumettent aussi à des tests sanguins qui mesurent la concentration des médicaments dans leur sang. Les résultats présentés à l’IAS portent sur les échantillons de 113 participants et s’avèrent positifs : les deux antirétroviraux composant le Truvada sont présents chez 86 et 82 % des patients. Le second volet de l’étude, également présenté, montre que la double dose permet d’obtenir rapidement une concentration élevée des ARV chez les patients.

 

A qui s’adresse la PrEP ?

« Si la PrEP s’avérait efficace, elle pourrait concerner toutes les personnes exposées à un risque de transmission du VIH », estime le Pr Molina. Mais cette approche préventive ne saurait remplacer le préservatif. Elle s’inscrit au contraire dans un ensemble de mesures de prévention : « Elle peut amener à se dire "Je me protégeais au départ avec le préservatif, maintenant j’ai un comprimé… pourquoi continuerais-je avec le préservatif ?", admet le Dr Julie Chas, infectiologue à l’hôpital Tenon (Paris), contactée il y a quelques jours par pourquoidocteur. Les médecins doivent justement être très vigilants et donner des conseils rappelant que le Truvada n’est pas efficace à 100 %, et que le préservatif protège de toutes les IST, ou du risque de grossesse dans les autres populations à risque. Cette PrEP fait partie d’un "package" de prévention combinée : dépistage systématique des IST, port du préservatif, conseils des associations et des médecins, campagnes de publicité pour informer. »