C’est un scénario digne du roman La Peste, d’Albert Camus. Depuis le 20 juillet, 30 000 personnes sont retranchées dans leur village de Yumen, au Nord de la Chine. Elles ont l’interdiction d’en sortir jusqu’à nouvel ordre. Et pour cause : un homme de trente-huit ans est mort après avoir contracté une forme particulièrement virulente de peste bubonique, plus connue sous le nom de peste noire. 151 villageois ont par ailleurs été mis en quarantaine après avoir eu, de près ou de loin, des contacts avec la victime.
A cause d’une marmotte
La peste bubonique est souvent considérée comme une épidémie du passé. De nombreux progrès ont été réalisés, dans de nombreuses régions du monde, grâce à l’utilisation d’antibiotiques et à des mesures de prévention. Pourtant, la peste noire sévit encore, particulièrement en Afrique, où Madagascar est le principal foyer, et en Amérique. L’Organisation Mondiale de la Santé a ainsi recensé 40 000 cas au cours des quinze dernières années, dans 25 pays. Le dernier cas français, lui, date de 1945, en Corse.
Véhiculée par les rongeurs, la peste se transmet à l’homme par les piqûres de puces infectées. Dans le cas du récent décès à Yumen, la victime aurait découpé un cadavre de marmotte, porteuse de la bactérie de la peste (Yersina Pestis), pour le donner à manger à son chien. C’est ainsi qu’il aurait pu être piqué.
En quête d’un vaccin
La peste se caractérise par un syndrome infectieux très grave, c’est-à-dire par une forte fièvre, ainsi que par l’apparition d’un bubon, une hypertrophie du ganglion lymphatique. Sans soins, la maladie évolue vers une septicémie généralisée, et souvent mortelle. Les antibiotiques permettent souvent d'en guérir, mais les chercheurs du Centre Pasteur aimeraient développer un vaccin capable de protéger l'organisme d’une infection. Faute de financement, celui-ci reste pour le moment au stade de l’hypothèse.
Ce nouveau cas de peste noire en Chine pourrait permettre une nouvelle prise de conscience, d’autant que la maladie réapparait de manière inquiétante dans certains pays où elle avait disparu depuis 80 ans. D’ailleurs, le développement de nouveaux cas en Europe n'est pas à exclure, selon les chercheurs du Centre Pasteur.