La fin d’une star des officines ? Le paracétamol, traitement de référence des lombalgies, ne serait pas plus efficace qu’un placebo, selon une étude parue dans le prestigieux Lancet ce 24 juillet. Selon les chercheurs à l’origine de cette publication, il faudrait en tirer les conséquences dans la pratique quotidienne.
Vérifier l’efficacité du paracétamol
Les lombalgies, douleurs au niveau des lombaires, sont la première cause de handicap dans le monde. Depuis longtemps, et de manière unanime, le paracétamol est considéré comme le traitement de première ligne. Mais aucune étude n’a permis de confirmer son efficacité, notent ses auteurs. Pour y remédier, ils ont recruté 1 652 personnes souffrant de douleurs au niveau des lombaires. Un premier groupe a pris du paracétamol par doses régulières – 3 prises par jour pendant un mois, avec un maximum de 3 990 mg –, un deuxième a reçu le médicament quand c’était nécessaire – avec un maximum quotidien de 4 000 mg –, un troisième a eu accès à un placebo. En complément de ce traitement pharmacologique, les chercheurs ont fourni des conseils aux participants, ont tenté de les réconforter.
Aucun effet sur la douleur
Au bout de trois mois, l’équipe a comparé l’état de santé des patients dans les différents groupes, ainsi que leur adhérence au traitement. En moyenne, ils faisaient preuve de modération et ne prenaient que 2 660 mg par jour. Mais le temps nécessaire pour que la douleur s’estompe ne varie pas vraiment selon que les participants prennent un placebo ou du paracétamol : 16 jours dans le premier cas, 17 dans le second. Si le médicament actif n’aidait pas à soulager la douleur, il n’améliorait pas non plus la qualité de vie, du sommeil, ou encore le fonctionnement quotidien. Une vraie douche froide pour les adeptes du paracétamol.
La fin d’un monopole ?
« Des analgésiques simples comme le paracétamol ne sont pas forcément primordiaux pour gérer les lombalgies aiguës, conclut le Dr Christopher Williams, qui a mené l’étude. Ces résultats suggèrent qu’il faut reconsidérer les recommandations universelles (…) même si comprendre pourquoi le paracétamol fonctionne pour d’autres douleurs et pas celle-ci aidera à définir d’autres traitements. »
Une position que ne partagent pas Bart Koes et Wendy Enthoven, auteurs d’un commentaire associé, même s’ils saluent les travaux effectués : « Les résultats sont clairs, mais le contenu des recommandations ne doit pas être modifié sur la base d’une seule étude », estiment-ils. Ils appellent à lancer d’autres essais sur des populations plus larges et différentes. En revanche, auteurs comme commentateurs soulignent le rôle intéressant des conseils et du réconfort sur l’évolution de la douleur ressentie par les patients.