A l'occasion de la Journée Mondiale de l’hépatite, qui s’ouvre aujourd’hui, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de rappelle qu’une co-infection par le VIH et l'hépatite est fréquente, mais aussi que les risques d'hépatite sont particulièrement importants pour les personnes consommant des drogues injectables. En France, on estime ainsi que deux toxicomanes sur trois sont porteurs de l’hépatite C.
L'OMS appelle donc les Etats à généraliser le dépistage, mais surtout à instaurer de mesures de prévention mieux ciblées, telles que des programmes complets pour les toxicomanes, avec un accès à des injections et des transfusions sanguines sécurisées. Ces recommandations font écho à l’étude française AERLI, menée par l'Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), qui préconise le recours à des sessions d’accompagnement à l’injection et de sensibilisation en salle de shoot.
Accompagnement personnalisé
Réalisée auprès de 113 participants, l'étude AERLI a montré que la prise de risque et les complications au site d'injection (abcès, infections) diminuent lorsque les consommateurs de drogue sont accompagnés par des pairs formés, pour pratiquer des injections plus sûres. Le rôle bénéfique de la sensibilisation et de l'éducation sur les maladies transmissibles par voie parentérale, comme l'hépatite B ou C, a également été mis en avant. Interrogés six mois après, les consommateurs de drogue n'étaient plus que 25 % à déclarer avoir eu une pratique à risque depuis le début de l'étude, contre 44 % avant l'étude.
Des résultats encourageants selon les chercheurs, qui soulignent également l'importance d'accompagner chaque utilisateur de manière personnalisée, en cernant mieux sa pratique, pour adapter le processus d'injection et mieux répondre à ses questions. Une telle prise en charge pourrait réduire les risques d'infection par le VIH ou par l'hépatite C.
400 000 français touchés
En France, 1,2 % de la population a déjà expérimenté au cours de sa vie la consommation d'héroïne, et 0,2% en ont fait un usage dans l'année, selon les derniers chiffres de 2010 de l'Observatoire français de Drogues et des Toxicomanies (OFDT). Même si cela ne concerne que peu de personnes, l'ouverture de salles de shoot et le développement à grande échelle du processus d'accompagnement à l'injection, testé par l'étude AERLI, sont des enjeux de santé public. Les risques de transmission de l'hépatite B et C, ainsi que du VIH, seraient mieux encadrés par un tel dispositif.
D'autant que ces maladies ne doivent pas être prises à la légère. 400 000 personnes en sont atteintes de l'hépatite C en France, avec une progression de 4 000 nouveaux cas par an. Ces derniers ne sont pas tous imputables à une consommation non sécurisée de drogue par intraveineuse, puisque le virus peut aussi être transmis via de mauvaises perfusions sanguines. L'hépatite B, transmissible par voie sexuelle ou par voie sanguine concerne 300 000 personnes, dont 9 % sont co-infectées par le VIH.
Mieux encadrer l'injection de drogues permettrait tout de même de réduire considérablement les risques d'infection. Cela rendrait les mesures de sensibilisation sur l'hépatite plus efficaces. Mais l'hépatite reste une maladie peu connue en France : la majorité des malades ne connaît pas les risques de transmission intraveineuse, et la moitié d'entre eux ignore être contaminée.