Il est sans doute aussi ancien que l’espèce humaine, mais n’a encore jamais été identifié. Une équipe de l'université d'Etat de San Diego (Californie, Etats-Unis) a récemment identifié un virus intestinal très répandu. Ils publient les résultats de leur découverte dans Nature Communications.
Contracté pendant l’enfance
Ce virus, baptisé crAssphage, colonise les intestins de la moitié de la population. Il affecte un groupe de bactéries intestinales très courant, les bacteroidetes, dont on pense qu’elles sont impliquées dans le développement de l’obésité, mais aussi de maladies gastro-entérologiques ou du diabète. Concrètement, ce « nouveau » virus infecte les bacteroidetes et se réplique en elles, ce qui perturbe leur fonctionnement : c’est un bactériophage. En revanche, les chercheurs n’ont pas réussi à comprendre comment il se transmet, même s’ils savent qu’il se contracte pendant l’enfance.
Aussi ancien que l’humanité
La découverte du crAssphage s’est presque faite par accident : les chercheurs de l’université de San Diego passaient en revue les échantillons fécaux de 12 individus, à la recherche de nouveaux virus, lorsqu’ils ont remarqué un groupe d’ADN viral particulièrement long et commun à tous les échantillons. En le cherchant dans plusieurs bases de données, les chercheurs n’ont pas trouvé son identité. Mais il était présent dans la moitié des échantillons disponibles. « Il n’est pas inhabituel de chercher un nouveau virus et d’en trouver un. Mais il est inhabituel d’en trouver un commun à de si nombreuses personnes. Le fait qu’il soit passé sous les radars pendant si longtemps est très étrange », souligne Robert Edwards, à l’origine de ces recherches. Ce qui est certain, c’est qui ce virus est si répandu, c’est qu’il n’est pas jeune. « D’après ce qu’on sait, il est aussi ancien que l’espèce humaine », estime Robert Edwards.
Comprendre son rôle dans l’organisme
Pour mieux comprendre le virus crAssphage, il faudra l’isoler. Pour le moment, les chercheurs n’y sont pas parvenus. « On sait qu’il est là, mais nous ne pouvons pas encore le capture », reconnaît Robert Edwards. Une fois cette étape passée, il espère comprendre comment le virus influence l’obésité, s’il est possible d’agir sur lui dans le but de prévenir ou limiter le diabète ou les maladies gastro-entérologiques. « Ce pourrait être une clé vers la médecine bactériophage personnalisée. Chez certains individus, nous pourrions isoler une souche particulière du virus, la manipuler pour cibler les bactéries malignes, puis la ré-implanter », anticipe Robert Edwards.